mercredi 22 février 2012

LETTRE OUVERTE AU FIGARO EN REPONSE AU FANTASME SECURITAIRE DE SON ENVOYE SPECIAL

Un article du Figaro du 15 février 2012 intitulé « A Saint-Nazaire la police pratique "la tolérance zéro" »  a entrainé un certain nombre de réactions, dont la lettre ouverte reproduite ci-dessous.
Quelques temps auparavant (11 janvier), Presse Océan avait déjà chanté les louanges de la police de Loire atlantique (voir ici :  https://nantes.indymedia.org/article/24948 )
Depuis le début de cette semaine, c'est une équipe de TF1 qui fait son reportage sur les occupants de l'hôtel de police nazairien.
Pendant ce temps, la plainte de Pascal Vaillant, grièvement blessé par un tir de grenade après une manifestation en 2009 fait l'objet d'un non lieu;
mardi 21 février 2 camarades ayant raccompagné un policier des Renseignement généraux hors d'une manifestation contre l'aéroport de Notre Dame des Landes écopaient respectivement de 14 mois de prison avec sursis, et de 1000 euros d'amende avec sursis, plus des dommages et des frais de justice... 

En attendant les 6 et 7 mars, le procès du tireur de flash ball qui avait estropié un lycéen en 2007 lors d'une manifestation au rectorat de Nantes (infos ici : http://27novembre2007.blogspot.com/ )

Risquera -t-on l'outrage en déclamant
« J'aime la peau lisse et les mots qui osent, mais
Je déteste la police et les ecchymoses » ?

Alex Andrain !


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Monsieur l'envoyé spécial du Figaro,

Les Nazairien-ne-s souhaitent tout d'abord que vous vous soyez bien remis de votre venue sûrement trop rapide au commissariat principal de Saint-Nazaire. Venir en province et, en plus, dans une ville ouvrière, semble une dure expérience pour un journaliste du Figaro.

Sachez que nous n'habitons pas la ville que vous décrivez dans l'article du mercredi 15 février, article qui vient appuyer une idée fausse transformant chaque citoyen-ne en délinquant-e en puissance.

Des policiers de notre cité poussés, comme partout par la culture du résultat, font de tout acte, un acte criminel, y compris la contestation sociale : en 2009-2010, plusieurs dizaines de gardes à vue, plusieurs peines de prison ferme allant jusqu'à 8 mois, un blessé grave par une grenade assourdissante, lors d'une manifestation contre les mesures antisociales du gouvernement.

Saint-Nazaire est une ville ouvrière qui ne renonce pas et ne baisse pas la tête face aux coups bas du gouvernement. Est-ce pour cela qu'elle doit subir une répression sans précédent qui mutile, emprisonne ?

Vous avez constaté que les policiers pouvaient faire "preuve d'humanité" face aux "scènes d'hystérie" des habitants de La Bouletterie. Tout au long de cet article, nous avons bien reconnu cette "humanité". Par exemple, quand ils parlent de "l'oisiveté" des gens plutôt que du chômage ! Quand ils avouent leur préférence pour "les manifs du matin, car les gars sont encore sobres" : les manifs de l'après-midi, comme celle du 29 janvier 2009, peuvent en effet être très dangereuses : un tireur des forces de l'ordre a tellement mal visé ce jour là que sa grenade explosive a handicapé à vie un passant !

Quelle humanité aussi dans ces phrases que vous prêtez aux policiers qui évoquent "la clientèle" du commissariat : "ils filent droit au délit dès qu'ils savent marcher et mentir", en plus "ils" sont "superstitieux, ils prient et font leurs ablutions avant de monter un coup". Dans les gènes, sans doute ? Du Guéant tout craché ! Les résultats sont au rendez-vous, paraît-il. "les affaires de stup ont explosé" dites vous. Peut-être... Les actions de prévention, elles, n'ont pas explosé !!!!

Dans votre article, la stigmatisation de la population des quartiers populaires est à son comble. Les jeunes de ces quartiers sont présentés comme des délinquants dès la naissance surtout s'ils n'ont pas la bonne couleur de peau. Côté racisme, cela explose au commissariat si les paroles que vous attribuez à des policiers sont véridiques. Ils ont beau être "chevronnés", avoir "le coeur dur", être du "genre Polnareff" ou "ancien mannequin" et avoir "une foi inoxydable dans son métier", ils se laissent aller à des clichés racistes et islamophobes dans le choix de présenter les "délinquants" : "les Blacks qui débarquent de Nantes avec 150 grammes d'héroïne dans le caleçon", ceux qui "parlent par ellipses, par codes ou en dialecte wolof ou bambara pour brouiller les pistes" ou lorsqu'ils évoquent une fillette "frappée à coups de bâton par son père parce qu'elle ne voulait pas apprendre le Coran". Vous faites un amalgame dangereux accréditant des thèses nauséabondes.

De votre côté, c'est un peu pareil, vous n'avez pu échapper aux clichés. Vous avez tout utilisé sauf la prostitution et le voile : pas assez de place sans doute ! Persistant dans les amalgames, vous n'avez pu vous empêcher d'assimiler les ouvriers des Chantiers à des alcooliques en puissance, de parler des "jeunes de banlieues", de "l'ultra gauche", des "gros bras recrutés sur les docks" (quelle belle image pour un Parisien !), des "syndicalistes remontés" (contre qui ?), "les quartiers nord" (vous avez dû faire un "copié-collé" avec ce qui se passe dans d'autres villes !!!). Tout cela, c'est beau comme de l'antique, mais ce n'est pas la réalité nazairienne.

Pourquoi n'avoir interrogé que des policiers et nullement les habitants, les associations, la municipalité ? Un parti-pris au service d'un objectif : donner une image caricaturale de Saint-Nazaire ville-ouvrière, gangrenée par l'alcool, la délinquance, les trafics de toutes sortes et "l'islamisme" qui exerce sa violence, même sur les fillettes. Un parti-pris qui "fleure bon" le racisme et les discriminations.

Certes, comme ailleurs, il existe à Saint-Nazaire des problèmes de délinquance. Mais si les forces de l'ordre ne connaissent que la répression, le riche tissu associatif, lui, a opté pour la prévention.

Nous pensons qu'en journaliste d'investigation, vous allez revenir à Saint-Nazaire et cette fois-ci, donner la parole aux "jeunes des quartiers" (rassurez-vous, on vous accompagnera si vous le voulez !). Peut-être irez-vous dans une de ces Maisons de Quartiers qui font un travail formidable, travail que vous venez de salir par votre article. Prenez aussi contact avec les habitants, les associations locales, les syndicalistes.

Votre article atteint le summum quand vous écrivez que les policiers nous font subir leur répression "sans jamais faire de vagues", que "la population collabore" : c'est sûrement pour cela que la police de Saint-Nazaire se retrouve sous les projecteurs de la CNDS (commission nationale de déontologie et de la sécurité) dans deux affaires. C'est sûrement pour cela que les associations, les syndicats, les partis politiques de gauche ont créé un comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires (CODELIB), constatant et dénonçant jour après jour les dérives que vous appelez "laboratoire de la tolérance zéro" sarkozyste. Savez-vous que l'impunité n'est pas toujours du côté que vous croyez : dans l'affaire du passant blessé le 29/01/2009, le CRS tireur n'ayant pas été identifié, la justice a prononcé un "non-lieu".

Ce que vous décrivez n'est pas Saint-Nazaire : envoyé spécial au front ou journaliste, il y a une éthique qui doit être respectée. Faites votre vrai travail "d'envoyé spécial", d'enquête sur le terrain et, surtout, rassurez vos lecteurs du Figaro : la vie quotidienne de la population nazairienne serait plus agréable, si elle n'était "pourrie" par les politiques menées.

Veuillez recevoir, Monsieur, l'expression de notre très haute réprobation.

Premiers signataires :


ORGANISATIONS OU ASSOCIATIONS :
ATTAC St Nazaire, la Presqu'île et le Pays de Retz, CNT St Nazaire, CODELIB, Europe-Ecologie-Saint-Nazaire-Montoir, FRONT DE GAUCHE (PARTI COMMUNISTE FRANÇAIS, PARTI de GAUCHE), FSU (Fédération Syndicale Unitaire) St Nazaire, Indignés du PAF, Label Gauche, Les Pieds dans le PAF, LDH (Ligue des droits de l'Homme), MRAP (Mouvement de rassemblement et d'amitié entre les peuples) Saint Nazaire, MRAP Nantes, USI-CGT (Union Syndicale de l'Intérim CGT), Union Démocratique Bretonne...


CITOYEN-NE-S : (liste non publiée...)

lundi 20 février 2012

MOBILISATION AU TRIBUNAL DE SAINT-NAZAIRE MARDI 21 FEVRIER 2012

CONTRE LA REPRESSION ET L'OPPRESSION SECURITAIRE
SOLIDARITE AVEC DJAMILA et RUDY


• Soutenons les militant-e-s anti-aéroport face à la répression!

Lors de la manifestation accompagnant le départ de la tracto-vélo NDDL/Paris,le 6 novembre 2011, un groupe d'opposant-e-s à l'aéroport de Notre Dame Des Landes a "escorté" un membre des renseignements généraux hors du cortège. A la suite de ces faits, deux camarades sont convoqués au tribunal de Saint-Nazaire pour "outrage à agent" le mardi 21 février à 14h.

Ce procès, qui s'ajoute à de nombreux procès visant des militant-e-s anti-aéroport, participe de cette volonté des pouvoirs policiers, judiciaires, politiques, complices de Vinci, de criminaliser cette lutte légitime contre un projet inutile. Et pourtant la répression ne nous fera pas céder! nous sommes déterminé(e)s à lutter jusqu'à l'abandon du projet.

Nous appelons les militant(e)s, la population à se rassembler devant le tribunal de Saint-Nazaire le mardi 21 février à partir de 13 heures en soutien à nos deux camarades convoqués.

Le terrorisme d'Etat ne passera pas!

le Comité de soutien aux inculpé-e-s anti-aéroport


contact : csia@riseup.net ou http://soutieninculpeesnddl.wordpress.com/

• La coordination des opposants au projet de nouvel aéroport dénonce la pression policière

— A l'occasion du jugement mardi 21 à Saint-Nazaire de 2 personnes interpellées lors du départ de la Tracto-Vélo, la coordination des opposants au projet de nouvel aéroport à Notre-Dame-des-Landes (44) dénonce à nouveau la pression policière qui continue à s'exercer sur et autour de la zone de la Déclaration d'Utilité Publique concernant le projet d'aéroport de Notre-Dame-des-Landes. Elle dénonce également la répression et les condamnations qui frappent tous les opposants à ce projet porté par les collectivités locales, pour lequel s'unissent PS/PC44 et UMP, l'ensemble répressif s'étant accentué énormément depuis l'arrivée sur le terrain de la multinationale Vinci.

Elle dénonce enfin l'intimidation et la disproportion des moyens mis en oeuvre, en France comme ailleurs en Europe, à l'encontre de citoyens qui militent légitimement pour l'abandon de grands projets inutiles, à l'heure où partout les financements manquent pour des causes ayant une réelle utilité sociale. La Résistance Citoyenne continue.


RENDEZ-VOUS MARDI 21 FEVRIER à partir de 13H00 Tribunal de Saint Nazaire

lundi 6 février 2012

Mutilation policière au flasball : Procès à Nantes les 6 et 7 mars 2012

Après 4 années et demi de procédure et 2 années depuis le renvoi en correctionnelle du policier tireur, Pierre et ses parents parties civiles attendaient que soit fixée la date du procès.

C'est chose faite : le procès aura lieu le mardi 6 et mercredi 7 mars 2012


Le 27 novembre 2007, devant les grilles fermées du rectorat de Nantes, au terme d'une manifestation lycéenne et étudiante bien habituelle dans ces lieux et dépourvue de tout caractère de violence, Pierre, un lycéen mineur était touché au visage et grièvement blessé à l'œil par un tir de lanceur 40 mm (flashball nouvelle génération à portée plus longue et à plus grande précision) effectué par un policier masqué (port d'une cagoule intégrale sans l'autorisation administrative nécessaire), ayant en charge d'expérimenter cette nouvelle arme dans le département.

Le lendemain même, alors que la gravité des blessures du jeune mineur hospitalisé était connue et que la préfecture s'acharnait déjà à faire de la victime un coupable, alimentant la presse en fausses informations sur les blessures, sur l'absence de tirs policiers, sur les conditions de la manifestation, la police procédait de la même manière (un tireur cagoulé de lanceur 40 mm) pour faire cesser un très modeste blocage lycéen au lycée privé Saint-Jean-Baptiste-de-la-Salle. (vidéo)

Le policier tireur a été mis en examen le 26 février 2010, puis renvoyé devant le tribunal correctionnelle le 6 août 2010.

Aujourd'hui, près de quatre ans et demi après les faits, la date du procès en correctionnelle du policier nantais incriminé pour un tir de flashball le 27 novembre 2007 est fixée.

Les conditions de la procédure judiciaire ont pourtant été très difficiles et la tenue d'un procès n'a été obtenue que par un travail régulier et approfondi des parties civiles, de leurs avocats et leurs soutiens (LDH, Amnesty international, syndicats, groupe du 27 novembre, individuels, autres familles touchées par de telles violences), malgré les obstacles innombrables dressés contre la recherche de la vérité dans cette affaire.

Et pendant tout ce temps, les victimes de tirs policiers au flashball se multiplient : Tableau mis à jour des victimes du flashball.

http://27novembre2007.blogspot.com/2011/10/tableau-mis-jour-des-victimes-de.html


plus d'infos sur http://27novembre2007.blogspot.com/