jeudi 13 novembre 2014

[NANTES] manifestation contre la répression le 22 novembre


Aux syndicats, associations, collectifs de luttes :
Ensemble, contre la répression et les violences policières

Dans un contexte très préoccupant pour les libertés publiques nous vous proposons de diffuser cette information et d'être présents lors de cette initiative du 22 novembre 2014, 14h, devant le tribunal de Nantes ( voir ci dessous et en pièce attachée la lettre d'auto-dénonciation qui peut être envoyée jusqu'au 22/11 ).
Les courriers signés (faites signer autour de vous !) seront communiqués au Procureur de la République .

        Par cette lettre, nous tenons à vous alerter sur la répression toujours plus grande que nous subissons lors de nos luttes. Le 22 février dernier, lors de la manifestation contre le projet d'aéroport, un impressionnant dispositif de police interdisait le passage sur le parcours qui avait été annoncé. Il s'agissait pourtant du parcours traditionnel des manifestations à Nantes, la traversée du cours des 50 otages. Il s'agissait également d'une manifestation d'ampleur avec quelques 40 000 manifestant-e-s.

        Cette manifestation survenait dans un contexte tendu, où depuis des années le mouvement anti-aéroport gagne en force sans que l'État ne bouge d'un pouce dans sa volonté d'imposer le projet. Au cours de la manifestation, un local de Vinci a été saccagé et des engins de chantier détruits. Quelques projectiles sont venus s'écraser sur les grilles anti-émeutes et sur les boucliers des CRS. Pour nous, cela ne justifie pas que ces derniers aspergent l'ensemble de la manifestation de gaz lacrymogène. Cela ne justifie pas non plus les tirs de flash-ball qui ont fait perdre un œil à trois personnes.

        Suite à la manifestation, l'État s'est acharné à trouver des coupables. Non pas au sein des forces de l'ordre qui ont mutilé des manifestant-e-s, mais au contraire parmi ces dernier-e-s. Pour contrer l'individualisation de la répression d'une manifestation que nous assumons collectivement, nous proposons à tou-te-s celles et ceux qui souhaitent se solidariser avec cette manifestation d'écrire des lettres d'auto-dénonciation que nous allons remettre au procureur le 22 novembre au cours d'une nouvelle manifestation.

        Entre temps, les gendarmes ont tué Rémi Fraisse au cours d'une manifestation dans le Tarn. Nous avons donc élargi la manifestation du 22 novembre, pour en faire une manifestation contre les violences policières.

        Nous pensons que chaque syndicaliste doit se soucier des rapports de force qui permet à l'État de réprimer les mouvements sociaux. La mort de Rémi Fraisse n'est pas un accident. Elle est le résultat logique de l'utilisation massive de la force pour mater les manifestations. Accepter cet état de fait, c'est se condamner à toujours plus d'impuissance dans nos luttes et laisser à l'État une plus grande marge de manœuvre pour contrôler et décourager les mouvements sociaux.

        Au delà des manifestations, nous tenons aussi à dénoncer l'utilisation de la violence d'État . Chaque année la police est responsable de nombreux meurtres, notamment quand il s'agit d'imposer l'ordre dans les quartiers populaires, de protéger la propriété privée ou de contrôler les frontières.

        Nous vous appelons à relayer cet appel auprès de vos adhérent-e-s, et à venir nombreux et nombreuses le 22 novembre.


Samedi 22 novembre, manifestation contre les violences policières,
14h sur le parvis du palais d'INjustice de Nantes



Le collectif d'organisation de la manif,
composé des membres de différents comités locaux contre le projet d'aéroport,
de collectifs anti-répression et de membres de différentes associations.


En pièce jointe une lettre d'auto-dénonciation volontaire à envoyer au Procureur



samedi 1 novembre 2014

Propos sur la violence policière




Mathieu Rigouste : « La mort de Rémi n'est pas une bavure, c'est un meurtre d'Etat »



Mathieu Rigouste, militant, chercheur en sciences sociales, travaille à disloquer les mécanismes de domination. Dans La Domination policière (2013), il avance que « la violence policière est rationnellement produite et régulée par l'Etat ». Selon lui, les zadistes du Testet sont face à une « contre-insurrection policière », qui peut dériver en « guerre de basse intensité ». Il distille une lecture iconoclaste des événements qui ont conduit à la mort de Rémi Fraisse. Entretien.


 
Aparté.com : Place du Capitole, lors du premier hommage à Rémi Fraisse, on lisait « la police assassine » sur une banderole. Comment caractérisez-vous la mort de Rémi Fraisse ?

Mathieu Rigouste : Cette banderole disait « Zied et Bouna (27 oct 2005), Timothée Lake (17 oct 2014), Rémi Fraisse (26 oct 2014), RIP, La police assassine, Ni oubli ni pardon !». Parce que ce 27 octobre, c'était l'anniversaire de la mort de Zied et Bouna à Clichy-sous-Bois en fuyant la police, qui déclencha la grande révolte des quartiers populaires de 2005. Parce qu'une semaine avant le meurtre de Rémi, le 17 octobre, c'est Thimothée Lake qui a été tué par la BAC à St-Cyprien (Toulouse), dans une supérette et dans l'indifférence quasi-générale.

« La police distribue la férocité des classes dominantes »

C'était exactement 53 ans après le massacre policier du 17 octobre 1961, durant lequel la police parisienne tua plusieurs dizaines d'Algériens en lutte pour la libération de leur peuple. La propagande de l'Etat et des médias dominants produisent une histoire « nationale » et officielle qui permet de légitimer le fonctionnement de cette violence industrielle.

Dans le cas de Rémi, La Dépêche du midi a ouvert le bal des mythomanes en publiant cette histoire de corps retrouvé dans la forêt, laissant planer l'idée que la police n'avait rien à voir là-dedans, voire même qu'elle l'avait recueilli. Mais nous pouvons démontrer collectivement, par la contre-enquête populaire et des contre-médias auto-organisés que la police assassine régulièrement, que sa violence est systémique, systématique et portée par des structures politiques, économiques et sociales. La police distribue la férocité des classes dominantes.


La mort de Rémi constitue-t-elle un événement isolé, ou trahit-elle une logique plus générale de la violence policière ?

Il faut replacer le meurtre de Rémi dans une histoire longue où la police apparaît très clairement pour ce qu'elle est : un appareil d'Etat chargé de maintenir l'ordre économique, politique et social (capitaliste, raciste et patriarcal) par l'usage de la violence.

« Face aux ZAD, les polices occidentales expérimentent de nouveaux dispositifs de contre-insurrection »

La police sait reconnaître ses maîtres, et distribue différents degrés et formes de violence selon la classe, la race et le genre des personnes qu'elle contrôle. Elle a ainsi toujours brutalisé, mutilé et tué certaines parties de la « population » de la ville capitaliste (misérables, marginaux, prostituées…). Elle entretient, dans toutes les puissances impérialistes, un rapport particulier avec les quartiers et les classes populaires les plus pauvres, avec les parties du prolétariat les plus ségréguées et les plus exploitées, généralement issues de l'immigration et de la colonisation. Elle est chargée de dominer, bannir et soumettre les couches sociales qui auraient le plus intérêt à se débarrasser de ce système parce qu'elles en bénéficient le moins.

« La police tue entre 10 et 15 habitants des quartiers populaires par an en moyenne »

La police tue ainsi entre 10 et 15 habitants des quartiers populaires par an en moyenne. Avec la prison et le système de harcèlement et d'occupation policière de la rue, il s'agit d'une véritable entreprise de « nettoyage social » et d'écrasement de toutes formes d'autonomie populaire.

Parallèlement, depuis le début du XXe siècle, la gestion policière des « mouvements sociaux » avait tendance à réduire au maximum les risques de tuer les strates supérieures des classes populaires, les aristocraties ouvrières, les classes moyennes  et les petites-bourgeoisies précarisées et radicalisées.

Le meurtre policier de « militants » reste jusqu'aujourd'hui exceptionnel face à l'industrie des meurtres policiers des non-blancs pauvres. Mais les figures de Carlos Giuliani tué par la police à Gênes en 2001 et d'Alexis Grigoropoulos, tué à Athènes en 2008, montrent que l'assassinat policier de « militants » tend à se développer à mesure que la restructuration néolibérale et sécuritaire du capitalisme opère.

Comme tous les crimes policiers dans les quartiers, le meurtre de Rémi n'est pas une « bavure », pas un dysfonctionnement, mais bien le produit de mécaniques instituées, de formations rationnelles, de tactiques et de stratégies légitimées et justifiées du haut de l'appareil d'Etat jusque dans les gestes des exécutants policiers, c'est un meurtre d'Etat, prémédité par la mise en oeuvre des structures qui l'ont rendu possible, un assassinat.


Au Testet, CRS et gendarmes sont quasi-omniprésents. Comment comprenez-vous le rôle de la police sur le site du barrage de Sivens ?

La police applique des tactiques et des stratégies établies à l'intersection des pouvoirs politiques, économiques et sociaux. Tant que les industriels et les gouvernants qui investissent dans ce projet de barrage considèrent que « ça vaut le coût » de continuer, malgré la diversification et la montée en puissance des résistances collectives, la police augmente l'intensité répressive.

« Les polices occidentales sont capables de passer instantanément de la répression policière à la guerre de basse intensité »

Face aux ZAD et à leurs formes de reterritorialisations des luttes urbaines et rurales,, les polices occidentales expérimentent aussi de nouveaux dispositifs de contre-insurrection hybrides et modulables, c'est-à-dire où la dimension militaro-policière du quadrillage, de l'enfermement et de la provocation est centrée sur un théâtre d'opération rural et forestier mais est aussi capable de passer rapidement voire simultanément en mode « Azur » (action en zone urbaine). Capable de passer instantanément du « maintien de l'ordre » au « contrôle des foules », de la répression policière à la guerre de basse intensité.

C'est l'occasion d'expérimenter ces dispositifs mais aussi de les mettre « en valeur » médiatiquement, c'est-à-dire de faire d'une expérience de répression, la vitrine d'une « excellence » du « savoir-faire français » en direction du marché international de la sécurité et du maintien de l'ordre. L'hybridité des doctrines, des matériels et des personnels constitue une valeur ajoutée très forte sur le marché de la défense et de la sécurité.

« Au Testet comme dans les quartiers populaires, la police est chargée de soumettre tout ce qui résiste »

La contre-insurrection repose aussi sur des méthodes d'action psychologique, parmi lesquelles des protocoles visant à diviser les résistances en désignant des « ennemis intérieurs » dont il faudrait se méfier voire purger. En l'occurrence, la figure des « casseurs » et des « violents » (« le braqueur furieux » dans le cas de Timothée Lake) permet de diaboliser les actions directes non conventionnelles, de masquer la violence structurelle du pouvoir et de promouvoir face à cela des mobilisations inoffensives et facilement gérables.

Les doctrines de contre-insurrection appellent ce mécanisme « schismo-genèse » : développer un schisme, une séparation dans la « population » résistante. Cette forme d'« action psychologique » rénovée repose sur l'existence de caisses de résonance pour cette propagande dans les médias dominants et parmi les appareils politiques et syndicaux supplétifs.

Au Testet comme dans les quartiers populaires, la police est chargée de soumettre tout ce qui résiste à l'expansion du système impérialiste. Elle doit balayer tout ce qui gène le mouvement de conquêtes ainsi que les programmes de déplacements et de dépossession des territoires et de leurs habitant.e.s, que le capitalisme met en oeuvre pour se restructurer.

Propos recueillis par Paul Conge



lundi 2 juin 2014

Déclaration commune sur l'armement de la police, une campagne d'opinion urgente et importante lancée ce 1er juin 2014 (pétition en ligne).





Bonjour,
Soyez parmi les premiers à signer la Déclaration commune
sur l'armement de la police, une campagne d'opinion urgente et importante lancée ce 1er juin 2014. 


Merci d'avance pour votre solidarité.




Voici plus bas le texte complet de cette pétition qui sera adressée :


1 - Au Président de la République française, au Premier ministre, au ministre de l'Intérieur, au président du Conseil d'État,  pour mettre fin à la généralisation et à la banalisation de l'emploi du flash-ball lanceur de balles cinétiques, notamment dans le maintien de l'ordre des rassemblements publics et des manifestations.

2 - Aux présidents de l'Assemblée nationale et du Sénat, aux présidents de groupes parlementaires et aux présidents des Commissions des Lois, pour que soient ouvertes des Commissions ou des missions d'enquêtes parlementaires sur l'armement de la police et son usage.

3 – À Madame le garde des Sceaux, ministre de la justice, messieurs les Procureurs de la République, aux membres du Conseil supérieur de la magistrature, au président de la Cour de Cassation, au président de la Cour européenne des Droits de l'homme, au président de la Commission des Droits de l'Homme de l'ONU, pour que soient reconnues les responsabilités pénales et civiles des forces de l'ordre auteurs d'infirmités permanentes (agents exécutant et leurs chaines de commandements, y compris les responsables politiques).

Pour signer, voici un lien à cliquer ici (si le lien ne fonctionne pas, recopiez et collez-le dans votre barre de navigation) :


Pour le recueil de signatures d'organisations et de personnalités, tous renseignements à : <armement-police@numericable.fr>





Déjà plus d'une trentaine de mutilations constatées, ayant provoqué des infirmités permanentes de la vision,
causées par le nouveau flash ball Lanceur de balles cinétiques de la police française, depuis son introduction en 2007.
« Est-il possible que nous vivions dans un pays où l'on peut mutiler un jeune homme pour le seul fait d'avoir manifesté pacifiquement ? Est-il possible que nous vivions dans un pays où la justice refuse de remettre en cause l'utilisation d'armes contre nos enfants et relaxe le policier tireur ? »

Stéphane HESSEL, co-signataire d'une « Adresse au nouveau président de la République », juin 2012.

Déclaration commune

sur l'armement de la police

Les sous-signé-e-s, parlementaires, élus locaux, citoyens, associations et organisations syndicales,

1 – AFFIRMENT avec force leur inquiétude partagée et leur opposition face à la généralisation et à la banalisation de l'usage de nouvelles armes dangereuses par la police française, et notamment le nouveau flash-ball Lanceur de balle cinétiques (LBD), dont les impacts peuvent causer la mort ou des infirmités permanentes graves, telles que la perte de la vision, et dont la visée électronique permet de ne pas manquer un visage, s'il est ciblé volontairement, ce qui juridiquement constitue un crime, selon les articles 222-9 et 222-10 du Code pénal ;

2 – CONSTATENT que cette arme s'est généralisée, sans étude administrative transparente ni débat public, par le Ministère de l'Intérieur, à l'époque administré par messieurs Sarkozy et Guéant, d'abord contre les jeunes des banlieues puis progressivement à terme contre tous les citoyens non armés, allant jusqu'à viser passants, syndicalistes et journalistes ;

3 – DÉNONCENT notamment l'équipement en LBD de la force publique lors de manifestations revendicatives sur la voie publique, parce que cette menace armée viole les droits fondamentaux constitutionnels à manifester collectivement son opinion sans être mis en danger. Parce que son usage impropre au maintien de l'ordre peut causer un facteur de panique, de provocations à la violence et de vengeances extra-judiciaires, et enfin parce qu'il instaure une nouvelle doctrine policière implicite qui n'est plus celle, républicaine, du moindre mal, mais celle de la peur et de l'usage illégitime de la violence ;

4 – DÉCLARENT rester réuni-e-s pour interpeller les pouvoirs publics sur l'état et l'emploi des forces de l'ordre en France, leur doctrine, leur encadrement légal, leurs équipements, leurs moyens budgétaires et les affectations, leurs formations, leurs expérimentations des armements au sein de la police scientifique et technique, leurs droits syndicaux et d'expression, leurs pratiques et conduites, leurs évaluations, et bien entendu leur responsabilité pénale et civile ;

5 – S'ENGAGENT à soutenir la création d'une Commission d'enquête parlementaire, ou d'une mission parlementaire, sur l'emploi du LBD et autres armes « à létalité réduite », à la lumière des nombreux cas dramatiques de mutilations au visage survenus ces dernières années : déjà plusieurs dizaines de mutilations du visage connues et répertoriées depuis 2007, et en particulier les quatre pertes définitives de l'usage d'un œil survenues dans la ville de Nantes sur des jeunes gens, dans le cadre de manifestations, l'une le 27 novembre 2007, sur un enfant, et les trois autres le même jour, 22 février 2014 ;

6 – S'ENGAGENT ÉGALEMENT à diffuser, à faire signer la présente déclaration et à faire désormais chaque année de la date du 22 février l'occasion d'initiatives publiques démocratiques décentralisées et coordonnées contre la violence policière, de débats, de concertation et de bilans, pour mettre en œuvre ensemble et mesurer concrètement l'avancée des objectifs de cette déclaration.

Premiers signataires :

Quentin TORSELLI, Damien TESSIER, Emmanuel DERRIEN, blessés à l'oeil suite à des tirs de la police à Nantes le 22 fév. 2014 ; Pierre DOUILLARD-LEFEVRE, blessé à Nantes en manifestation lycéenne le 27 nov. 2007




Pour le recueil de signatures d'organisations et de personnalités, tous renseignements à : <armement-police@numericable.fr>


Pour signer, voici un lien à cliquer ici (si le lien ne fonctionne pas, recopiez et collez-le dans votre barre de navigation) :









mardi 13 mai 2014

Samedi 17 mai à Nantes : Manifestation solidaire contre toutes les répressions.



Manifestation solidaire contre toutes les répressions.
Samedi 17 mai, 15h devant la préfecture à Nantes. 

Affiche17mai2-medium

Alors que de nos jours les mouvements sociaux occupent la rue et l'espace public pour défendre les valeurs de solidarité essentielles que le pouvoir maltraite, nous assistons à la banalisation de l'utilisation systématique de la violence pour réprimer les manifestant-e-s. L'État oppose au droit de manifester un arsenal de réponses répressives, qui mutilent et assassinent les citoyens.

A Nantes le 22 février 2014 alors que 50 000 personnes marchent dans les rues de Nantes pour montrer leur détermination à protéger le bocage nantais face à la politique de bétonnage, la police utilise des armes, dont la dangerosité est avérée par un grand nombre de spécialistes, mutilant gravement des manifestant-e-s, blessant des journalistes et heurtant de plein fouet des familles venues manifester. Cette répression policière est accompagnée par un acharnement judiciaire, un mois après, envoyant un père de famille derrière les barreaux. C'est cette même logique répressive qui s'abat lors de l'expulsion le 6 mai d'un bâtiment occupé par des sans-logis à l'aube, à coup de matraques, blessant deux personnes.

Partout en France la liste des personnes blessées, mutilées et assassinées s'allonge dans une indifférence insupportable.

C'est pourquoi nous marcherons sur les pavés nantais le samedi 17 mai à partir de 15h, au sein d'un cortège unitaire, rassemblant des organisations de Nantes et d'ailleurs, indignées et combatives, pour ne pas se plier à cette violence policière et judiciaire.

Nous défilerons pour tou-te-s les mutilé-e-s qui doivent vivre avec les stigmates de la répression, nous défilerons avec les familles de victimes qui portent en elles la colère de la perte d'un parent, nous défilerons avec les sans-papiers qui sont traqué-e-s et expulsé-e-s violemment et nous marcherons pour les victimes de la justice qui emprisonne des militant-e-s et qui donne carte blanche aux policiers qui mutilent et assassinent.

Nous affirmons que nous ne laisserons jamais ces répressions taire nos combats. Face aux politiques mortifères nous continuerons à occuper les rues.
Face aux armes de la police, nous nous protégerons.

Nous appelons tous les nantais-e-s, toutes les personnes que la violence révolte, tous les militant-e-s qui subissent quotidiennement les répressions policières, tous ceux qui veulent défendre le droit à manifester (et à participer au dialogue social nécessaire à la construction d'une société solidaire), à rejoindre le cortège pour qu'ensemble nous n'ayons plus peur de défiler pour la défense des droits essentiels.

Une conférence de presse se tiendra au bar le Flesselles (3 Allée Flesselles, 44000 Nantes), jeudi 15 mai à 19h.

Signataires de l'appel :
Liste provisoire : Comité de soutien à Enguerrand, Collectif de l'université de Nantes contre l'aéroport, SLB UL-Naoned, Solidaires Étudiant-e-s, Solidaires 44, Collectif de Rezé contre l'aéroport, Front anticapitaliste 44, Alternative libertaire, NPA, Voie Prolétarienne - OCML, Action Antifasciste Nantes, Ensemble, Breizhistance, Assemblée du mouvement anti-aéroport du 6 mai, Groupe Déjacque de la Fédération Anarchiste, Saint-Herblain À Gauche Toute, Parti de Gauche, Collectif Nantais Contre l'Aéroport, Émancipation, La Maison de la Grève...

Comité de soutien à Enguerrand
soutien.enguerrand[@]riseup.net


jeudi 8 mai 2014

Manifestation de solidarité contre la répression A Nantes, samedi 17 mai 2014, 15H, Préfecture

Le 22 février, plus de 50 000 personnes se rassemblaient à Nantes pour la plus grande manifestation du mouvement anti-aéroport. Déclarée illégale par la préfecture, elle s'est rapidement heurtée à un dispositif répressif ahurissant : Des centaines de policiers surarmés encadraient le cortège tandis qu'un immense mur anti-émeute barrait pour la première fois de l'histoire des luttes nantaises le cours des 50 otages. Les politicien-ne-s et leurs médias ont parlé de « saccages » et de « dévastations », déplorant la violence qui s'est exprimée après que certain-e-s manifestant-e-s aient tenté de passer par le parcours prévu initialement.
Cependant, le pouvoir et ses complices se gardent bien de rappeler la férocité extrême de la répression qui s'est abattue sur la manifestation. Le 22 février, des centaines de personnes ont été atteintes par les armes policières. Au moins trois d'entre elles ont perdu l'usage d'un œil suite à des tirs de flashballs. Beaucoup ont respiré des gaz lacrymogènes, été sonnées par des grenades assourdissantes, blessées par des grenades de désencerclement ou repoussées par des canons à eau.

Quelques semaines plus tard, le 31 mars, les médias annonçaient triomphalement un premier « coup de filet » suite aux investigations d'une cellule d'enquête spéciale. Neuf camarades ont été perquisitionnés et arrêtés à l'aube. Deux ont été immédiatement relâchés, l'un d'eux n'était même pas à Nantes le jour de la manifestation. Quatre ont été jugés en comparution immédiate, sans avoir pu préparer leur défense. La lourdeur des condamnations peine à masquer le vide des dossiers - les seuls éléments véritablement à charge étant les aveux des prévenus. Trois d'entre eux ont été condamnés à des peines de prison ferme. Lors de cette parodie de procès, le juge Tchalian n'a pas hésité à doubler les réquisitions du parquet pour jeter notre camarade Enguerrand directement en prison. Un an ferme pour quelques pavés et fumigènes.

La répression policière et judiciaire à laquelle le mouvement contre l'aéroport et son monde a été confronté le 22 février et les semaines qui ont suivies n'a qu'un seul but : terroriser ceux et celles qui se révoltent et entrent en lutte contre l'emprise du capitalisme sur les espaces dans lesquels nous vivons. Il s'agit d'atteindre le mouvement social dans sa chair et dans son âme, d'en mutiler ou d'en emprisonner certain-e-s pour mieux atteindre tou-te-s les autres. Les condamnations et les mutilations du 22 février ne sont pas de simples applications de la loi ou de techniques de maintien de l'ordre : elles sont hautement politiques. Ce véritable terrorisme d'État est un coup de semonce qui exprime clairement ce qui attend ceux et celles qui lui résistent.

Aujourd'hui, ce sont Enguerrand, Quentin, Damien, Emmanuel, Philippe, J. et G. qui sont touchés. Cela aurait pu être n'importe lequel d'entre nous. Le simple fait de participer à une manifestation justifie pour l'État et sa « justice » la perte d'un œil ou l'envoi en taule.

La violence de la répression que nous subissons ne doit en aucun cas entamer notre détermination - nous ne ferions que leur donner raison. Le meilleur soutien que nous puissions apporter à nos camarades blessé-e-s et emprisonné-e-s, c'est bien de continuer le combat. Notre lutte n'a jamais été aussi puissante, et nous n'avons jamais entrevu de si près un avenir libéré du béton. Aujourd'hui plus que jamais, il s'agit de ne rien lâcher contre l'aéroport et le monde qui le produit.

Face au pouvoir assassin qui mutile et emprisonne, nous avons une arme qu'il ne peut pas nous enlever. Dans une lettre datée du 8 avril, Enguerrand déclarait : « La force de la solidarité militante est implacable. » - et de fait, nous lui donnons raison. Les marques de soutien aux blessé-e-s et aux inculpé-e-s de la lutte sont d'ores et déjà nombreuses et disparates, à l'image de la diversité des composantes du mouvement. Le nombre des actions possibles est infini. Organiser un concert ou une collecte pour soutenir matériellement les inculpé-e-s et leurs proches. Appeler à une manifestation (pacifiquement casqués ?) pour exprimer sa révolte face aux crimes policiers. Recouvrir les murs de sa ville de peinture ou d'affiches pour que personne n'ignore ce qu'il se passe ...

Toute initiative est la bienvenue pour apporter un peu de réconfort à nos camarades et rappeler au pouvoir notre rage et notre détermination. Face au silence complice du spectacle médiatique, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes pour rendre au mot « justice » sa véritable signification. Nous encourageons avec ardeur toute action de solidarité contre la répression du mouvement anti-aéroport - qu'elle soit collective ou individuelle, à Nantes comme ailleurs, aujourd'hui comme toujours.

Pas de justice, pas de paix !
Solidarité avec les blessé-e-s et les inculpé-e-s !
Non à l'aéroport et son monde !

MANIFESTATION
Samedi 17 mai 2014
15h - Préfecture de Nantes

Appel ouvert à tous les collectifs et organisations qui s'y reconnaîtront.

Liste provisoire : Comité de soutien à Enguerrand, Collectif de l'université de Nantes contre l'aéroport, SLB UL-Naoned, Solidaires Étudiant-e-s, ...

Pour écrire au comité de soutien à Enguerrand ou signer cet appel : soutien.enguerrand(AT)riseup.net

dimanche 23 février 2014

Communiqué des organisateurs de la manifestation anti-aéroport du 22 février.



La manifestation d'aujourd'hui a connu une mobilisation inégalée.

520 tracteurs, venus de tous les départements limitrophes ont été comptés, deux fois plus que le 24 mars 2012 à Nantes. Cela marque une implication massive du monde paysan. Les tracteurs vigilants sont prêts à intervenir sur la zad.

Il y avait 63 bus venus de toutes les régions de France, deux fois plus encore que lors de la chaîne humaine. C'est le signe d'une mobilisation nationale et de la connection entre Notre Dame des Landes et d'autres luttes contre les grands projets inutiles et imposés.

Il y avait entre 50 et 60 000 personnes, plus encore que lors de la manifestation de réoccupation du 17 novembre 2012. Il s'agit de la plus grosse mobilisation du mouvement.

Le défilé a été festif, créatif et déterminé, avec des batukadas, salamandres, tritons géants, masques d'animaux marquant le refus de la destruction des espèces protégées et des mesures dites de compensation.
Des prises de paroles et animations ont eu lieu jusqu'à 18h square Daviais.

La préfecture avait choisit de mettre Nantes en état de siège et de nous empêcher d'être visible dans le centre ville. C'est la première fois qu'on interdit à une manifestation d'emprunter le Cours des 50 Otages. Une partie du cortège est passée par l'île Beaulieu. Une autre a essayé de passer par le trajet initialement prévu et a fait face à une répression policière violente avec tir de flashball, gaz lacrymogènes et grenades assourdissantes. Cela n'a pas empêché les manifestants de rester en masse dans les rues de Nantes jusqu'à la fin.

Il existe différentes manières de s'exprimer dans ce mouvement. Le gouvernement est sourd à la contestation anti-aéroport, il n'est pas étonnant qu'une certaine colère s'exprime. Que pourrait-il se passer en cas de nouvelle intervention sur la zad ?

Cette journée est un succès et les différentes composantes de la lutte restent unies sur le terrain. L'opposition ne fait que croître depuis 30 ans. Le gouvernement n'a pas d'autre choix que d'abandonner le projet d'aéroport !




Contacts presse : COPAIN : Jean-François Guitton : 06 78 90 46 04 Coordination : Julien Durand : 06 33 51 01 35 ZAD : Camille : 06 32 98 78 36

dimanche 16 février 2014

« Urgence notre police assassine »

Campagne de communication nationale

« Urgence notre police assassine »



Urgence notre police assassine est tout d'abord un site internet visant à dénoncer l'impunité qui entoure les crimes policiers. Relayant les campagnes d'action menées par différents collectifs engagés contre les crimes policiers et les violences sécuritaires, l'auteure du site, elle-même soeur de victime (son frère a été tué d'une balle dans le dos le 21 avril 2012) a fait l'objet d'une plainte en justice pour oser faire porter la responsabilité à l'institution policières des crimes commis par ses agents. Au delà des innombrables obstacles que rencontre la quête de vérité des familles de victimes, se voir dénigré ou traîné devant les tribunaux après avoir subi la mort d'un proche constitue une ultime offense envers leur dignité et un mépris pour leur désir de justice. De site internet, Urgence notre police assassine est donc devenu un cri de révolte et de ralliement pour toutes les victimes de crimes policiers.

En prévision d'un mois de mars consacré à la visibilisation des crimes policiers et des violences sécuritaires (manifestations) et de son procès le 7 avril au TGI de Paris, Urgence Notre Police Assassine lance une campagne de communication nationale et de sensibilisation.

Nous vous invitons à y participer en collant des stickers « Urgence notre police assassine » dans nos villes et campagnes à travers toute la France. Les personnes qui souhaitent participer peuvent nous laisser une adresse et le nombre de stickers qu'ils souhaitent coller pour que nous puissions leur envoyer tout le nécessaire. Nous invitons également les participants à prendre des photos et à nous les faire parvenir pour faire entendre leur voix et rendre notre campagne plus visible.

"Nous trouverons un chemin ou nous en ouvrirons un »
Hannibal



mardi 21 janvier 2014

31 janvier au Tribunal de Saint-Nazaire : Agression du 13 juin sur la ZAD

Suite à un passage à tabac en règle à Notre-Dame-des-Landes, un militant anti-aéroport appelle à la solidarité par une présence au Tribunal de Saint-Nazaire le 31 janvier 2014.
Soyons en nombre à l'audience pour le soutenir.


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Salut à tous,
Bref rappel des faits:
Le 13 juin 2013, une épaisse fumée noire est visible proche du terrain de moto-cross de Notre Dame des Landes. je décide de m'en approcher afin éventuellement de pouvoir porter secours.
Quatre individus sont présent; je suis roué de coups et menacé de mort prétextant que j'allais «payer pour les autres»…
Cet acte a entrainé 3 passages aux urgences en l'espace de 15 jours.
Deux gendarmes proches du lieu de l'agression ont refusés d'intervenir sous des prétextes qui restent à déterminer.
Suite à une plainte déposée le lendemain, l'affaire sera jugée au tribunal de St-Nazaire le 31 janvier à 14h00.
Seulement 2 des 4 prévenus sont poursuivis.
Claude



Jeudi 23 janvier 2014 : mobilisons-nous au tribunal de Laval !]



JEUDI 23 JANVIER 2014 - TRIBUNAL DE LAVAL
*** RASSEMBLEMENT À 12h ***
SOLIDARITÉ AVEC LES PRÉVENUS DE LA THT
CONTRE LA RÉPRESSION DES MILITANT-E-S
POUR LE REFUS DU FICHAGE ADN


Affiche à imprimer et à diffuser :
http://antitht.noblogs.org/files/2014/01/Affiche-THT-23-01-14-printA4.pdf

Trois Mayennais sont convoqués devant le tribunal de Laval pour refus de
prélèvement ADN. Ils avaient été auditionnés dans un premier temps comme
témoins pour leur participation présumée à une action symbolique
d'opposition à la ligne THT à Montaudin, le 11 Mars 2012, à laquelle
participaient plus de 100 personnes.

Ces trois Mayennais sont ressortis sans aucune poursuite concernant les
"faits" pour lesquels ils avaient été convoqués.
Aujourd'hui, ils sont poursuivis pour avoir refusé les prélèvements
génétiques, et le fichage signalétique.

"Ceux qui négocieraient leur liberté fondamentale contre une sécurité
illusoire ne méritent ni liberté ni sécurité et n'auront ni l'un ni
l'autre." Benjamin Franklin, 1755."

Nous pourrions rappeler les méthodes que Réseau de Transport d'Electricité
a utilisé pour imposer la ligne THT cotentin-maine à la population:
mensonge, intimidation, recours à la force publique, violation de
propriétés... mais la liste serait longue et incomplète.

Quelques mois après la fin du chantier et une mise en service de la ligne
(les travaux ne sont pas terminés à Beaulieu sur Oudon), voici
le temps de la répression.

Le procureur de Laval avait déjà tenté le coup en juillet 2013, en
convoquant 5 militants en justice... Ils ont été relaxés !
(http://percysoustension.pagesperso-orange.fr/epr_et_tht/archives/laval_01.html)

Aujourd'hui, le même procureur mise sur une valeur sûre, le prélèvement
ADN !.. Sûr du fait que nous le refuserions, voilà le beau prétexte pour
nous traîner devant un tribunal.

"Faute de grives, on mange des merles."

De notre côté de 12h à 14h, en attendant l'audience, nous profiterons
d'une cantine prix libre en soutien aux personnes poursuivies devant le
TGI de Laval, place saint Tugal.

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Fond de soutien pour les frais de justice :
Chèque à l'ordre de l'APSAJ – Association pour la solidarité et l'aide
juridique,
APSAJ, 6, cours des alliés, 35000 Rennes
RIB : 42559 00055 41020014732 07
IBAN : FR76 4255 9000 5541 02001473 207/BIC : CCOPFRPPXXX

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dimanche 12 janvier 2014

Sur le droit de manifester en Hollandie

Un témoignage d'un manifestant sur la technique d'encerclement de manif.
Cela s'est passé à Rennes lors de la venue de M. Valls. le Jeudi 9 janvier 2014.

La « garde à vue » préventive : une autre ligne rouge franchie par Valls ?

 
Hier jeudi matin, au bout de 15 années de militantisme en solidarité avec les sans-papiers, j'ai vécu ma première « garde à vue » préventive. Point de menottes ni de barreaux ou de cellule. Une « garde à vue » à ciel ouvert de 3 heures. En pleine rue. Juste en face du bâtiment de Rennes métropole. Pendant une réunion d'un conseil local de sécurité qui réunissait des élu-e-s « socialistes » et leur ministre de l'intérieur.
 
La veille, le ministre avait été chahuté par « la manif pour tous » et, soucieux de sécuriser son périple breton, il avait ordonné : « Je ne veux plus voir aucun manifestant » (Ouest-France). L'ordre est en soi hallucinant mais ses effets ne le furent pas moins.

Hier, le collectif de soutien aux personnes sans-papiers de Rennes avait décidé d'accompagner Valls durant son périple rennais matinal. Nous étions une quinzaine avec un mégaphone des années 1980 et deux banderoles où l'on pouvait lire : « Régularisation de toutes les personnes sans-papiers » et « Valls dégage ! ». Nous venions exercer notre droit de manifester. On a le droit d'aimer Manuel Valls et de le manifester. Jusqu'à preuve du contraire, on a aussi le droit de ne pas l'aimer et de le manifester. Comme nous l'avons fait des dizaines de fois depuis 15 ans, y compris pour des premiers ministres et d'autres ministres en déplacement. En 2002, nous avions réussi à investir un meeting de l'UMP en présence du premier ministre Raffarin et d'un tas de ministres. On était une cinquantaine, on avait crié 15 secondes « régularisation de toutes les personnes sans-papiers », le SO nous avait sorti-e-s du meeting puis on avait pu manifester pendant 2 heures face à la sortie. Sans « garde à vue », même pas répressive. Je suis sûr que nombre de camarades de l'époque, alors ou aujourd'hui au PS, s'en souviennent.

Hier, nous avions anticipé que les forces de l'ordre chercheraient à nous canaliser ou à nous maintenir à bonne distance du ministre qui, faut-il le rappeler, n'a représenté que 6% des voix aux primaires « socialistes ». Mais pas qu'elles auraient ordre de nous « encager » – selon leur joli terme – à une sortie de métro et d'empêcher tout-e manifestant-e de se déplacer, même pour quitter la manifestation ou aller travailler. Pendant 3 heures, une trentaine de CRS nous encerclaient et entravaient tout déplacement de notre part, même non politique. Jusqu'à ce que le ministre 6% reparte de Rennes et puisse se déplacer sans voir « aucun manifestant ». Comme l'a dit le chef des CRS, nous avons alors été « libérés ».

Nous avons appris que, dans le quartier du Blosne dont le ministre venait inaugurer la transformation en « quartier de sécurité prioritaire », une autre forme de répression a bloqué pendant plus d'une heure des manifestant-e-s mais aussi des habitant-e-s qui voulaient rentrer chez eux. Bloqué en toute sécurité prioritaire du même ministre.

 Bien entendu, les télés ont montré cet homme qui interpellait et venait perturber le ministre par une question-remarque sur Dieudonné. Le ministre s'est arrêté et a répondu – avec beaucoup de mépris – à la personne. Illusion de démocratie et de droit de manifester. Revoyez les images et cherchez les autres, manifestant-e-s et/ou habitant-e-s. Invisibles ? Non, invisibilisé-e-s.

En effet, nous aurions dû être là aussi mais, pendant ce temps, nous étions toujours en « garde à vue » à ciel ouvert à Rennes métropole, loin du Blosne. En « garde à vue » préventive.

Cette « garde à vue » paraîtra anodine pour bien des gens ayant déjà vécu l'expérience de la répression. Ridicule par rapport à tous les visages que peut prendre la forme de la répression. Insignifiante par rapport à la vie réelle des êtres humains pour lesquels nous manifestions. Il n'empêche : je refuse de me résoudre à l'accepter et à la banaliser. Parce que c'était ma première et parce que je ne m'attendais pas à la vivre à cette occasion et, surtout, lors de la visite d'un ministre classé « socialiste ».

 Et puis, il y a tout le reste. Tout ce qui s'est passé autour de cette « garde à vue ».

La rapidité de la répression. Alors que nous avons tou-te-s rejoint le point de rendez-vous prévu à 9 h 15, devant Rennes métropole, et alors que nous entamons un simple déplacement pour emprunter le trottoir d'un boulevard et aller manifester devant la gendarmerie où se trouverait le ministre, trois CRS – puis 30 en deux minutes sortis d'une rue perpendiculaire – nous bloquent au bout de 100 mètres. Menace immédiate d'interpellation si nous ne rebroussons pas chemin. Résistance molle de notre part. Les CRS avancent. Nous reculons.

Le déplacement forcé. Alors que nous avons rejoint notre point initial de rendez-vous, juste devant Rennes métropole, les CRS nous demandent d'aller manifester de l'autre côté du boulevard et de nous cantonner à une autre sortie du métro. Là où on ne peut être vu-e-s. Nous demandons à nous consulter comme nous le faisons à chaque fois. Mais un « cravaté » vient parler au chef des CRS et c'est là que nous entendons « allez, on les encage ». Le chef des CRS donne l'ordre à sa trentaine de CRS de nous pousser jusqu'à l'autre côté du boulevard. Bousculades légères. Les 15 reculent et se retrouvent de l'autre côté du boulevard.

L'encerclement. Les CRS nous coincent alors le long de l'escalier du métro et nous encerclent. Nous demandons à ce qu'on nous laisse au moins une ouverture pour montrer nos banderoles. C'est non. Nous avons juste la possibilité de tendre des tracts aux quelques passant-e-s par-dessus la rampe de l'escalier ou les épaules des CRS. Et, heureusement, nous avons la possibilité de crier. Et nous crions, notamment lorsque nous voyons au loin des journalistes se rendre aux cérémonies (en présence) de Valls.

L'enfermement à ciel ouvert. Quelques-un-e-s parmi nous tentent de sortir du cercle des CRS mais on les repousse. Deux étudiantes demandent à quitter la manifestation pour aller en cours. Refus des CRS. Nous commençons à comprendre que la situation est originale par rapport à d'habitude et que notre collectif n'a jamais vécu cette forme de répression, même sous Sarkozy (nous en avons vécu d'autres cependant).

L'obligation de négocier. Les CRS s'obstinant à refuser toute sortie, même pour les individu-e-s qui souhaitent quitter l'action, nous sommes obligé-e-s de recourir à RG chéri pour les faire évacuer. Celui-ci les accompagne alors jusqu'à la rame de métro et fait de même pour 3 ou 4 d'entre nous. Et puis RG chéri est obligé de partir pour rejoindre le Blosne. Et là, à partir de 11 h et jusqu'à midi 15, plus aucun-e manifestant-e n'aura le droit de quitter le lieu. « Garde à vue » à ciel ouvert donc. Et préventive car nous n'avions rien fait d'autre que vouloir manifester.

Les gros connards. Pas d'autre nom pour ce CRS qui ose dire à la vue de l'une d'entre nous – qui manifeste en chaise roulante parce qu'elle est atteinte d'une maladie qui l'empêche de rester debout plus de 15 minutes – que nous avons même sorti les fauteuils d'handicapés pour les caméras. Pas d'autre nom pour ce même CRS lorsque nous lui demandons de ne pas dire des trucs de ce genre et qui répond, visiblement sûr de son impunité, qu'on a qu'à noter son matricule et porter plainte. 

Pas d'autre nom pour un autre CRS qui – lorsque l'un d'entre nous a eu une telle envie de pisser qu'il demande au chef des CRS à aller aux toilettes et que le chef accepte à condition qu'un CRS l'accompagne – demande : « Et il faut que je la lui tienne ? ». Pas d'autre nom pour tous ces CRS qui, en plus d'être les bras armés de notre « garde à vue » préventive, se permettent de ne pas la fermer et de ne pas faire leur boulot sans se foutre de notre gueule, sans rire de nos tenues vestimentaires, sans avoir des fous rires au moment de nos slogans…

La lecture de ce récit laisse sans doute dubitatif : et c'est tout ? Oui, c'est tout mais, objectivement, nous avons vécu une entrave forcée à notre droit de manifester. Et à notre droit individuel de circuler dans l'espace public. Est-ce légal ? Comme a dit un policier : « dans ces moment-là, vous savez, la loi… ». Nous discuterons de l'éventualité d'une plainte.

 Le plus important n'est pas là. Ce qui m'inquiète, c'est la lente préparation et maturation des CRS. Hier, leur mission était de (seulement) nous empêcher de manifester. Ils – faut-il préciser que 100% des CRS et des gros connards étaient des mecs – ont obéi. Ils ont souri pendant leur travail. Ils n'ont visiblement eu aucune empathie pour nous. Aucune inquiétude par rapport à la mission du jour : placer en « garde à vue » préventive à ciel ouvert 15 manifestant-e-s (pour un dispositif policier comptant plusieurs dizaines de camions de CRS) avant même qu'ils manifestent !

Un jour, quand un Pouvoir encore plus à droite demandera à ces CRS de monter d'un cran ou de plusieurs, cet ordre ne représentera pas grand-chose dans le continuum des trucs que Valls leur faisait faire. 

Et ça, ça me fait flipper.