jeudi 30 mars 2023

Violence policière : Nous ne pouvons pas vaincre la police sur le terrain militaire, nous pouvons être plus malins qu’elle...

Malgré un bombardement médiatique intense qui suit la manifestation de Sainte Soline, visant à faire passer les 30 000 manifestants présents pour démonter les bassines pour des criminels, et les blessés grave pour des bêtes assoiffées de sang, l’élan d’indignation contre les violences policières et de solidarité avec les blessés ne retombe pas. Il faut croire que la propagande qui vise à séparer les bons et les mauvais manifestants ne marche pas aussi bien que le pouvoir le voudrait.

Il faut dire que la situation ne prête pas à la sympathie avec la police ou avec l’État. Récemment, pendant le mouvement contre la réforme des retraites, nous avons connu les arrestations de masse arbitraires à Paris avec tabassage, une travailleuse de l’éducation avec des doigts arrachés à Rouen, un cheminot éborgné à Paris, des flics qui gazent des personnes sur une terrasse de bar à Lille, des blessés sur des blocages de zone industrielle à Boulogne-sur-Mer, des lycéens brutalisés… Les images tournent en boucle, et montrent le visage des chiens de garde d’un État qui n’a plus rien d’autre à proposer que des coups.

Elles font suite à une liste interminable de violences, de mutilations et de meurtres par l’État démocratique et républicain. Les militants écologistes, assignés à résidence, tabassés sur la ZAD, voire tués comme Rémi Fraisse, ou alors réveillés par le bruit des bottes à 6h par des nervis anti-terroristes comme en Limousin le 15 juin dernier. Les manifestants, depuis la loi travail en 2016, mutilés par le bras gauche de l’État, puis par la Macronie triomphante qui en est issue. Dans les cités ouvrières, par les baqueux, heureux de faire le plus sale travail du monde.

Alors, dans la période de crise qui est la nôtre, il est important de rappeler que l’État républicain et démocratique, et sa police, n’ont jamais été autre chose. Depuis qu’elle existe, elle mutile, tue, réduit au silence, conspire, terrorise. Ce n’est pas une affaire de bon ou de mauvais ministre ou président. Qu’il soit de gauche, de droite, nationaliste ou populaire, de l’extrême-centre, français, malgache, latino-américain ou algérien, le gouvernement déteste tous les exploités qui refusent leur sort dans ce gigantesque camp de travail qu’est le monde capitaliste. Il défend les intérêts d’une classe au pouvoir, bien contente de vivre du labeur des prolétaires. Il n’y a pas de bonne police, ou de bon policier, car il n’y a pas de bon État. « L’État, disait un vieux révolutionnaire, ce n’est, en dernière analyse, qu’une bande d’homme armés », chargés de réprimer tous ceux qui s’opposent aux glacées du calcul égoïste du système capitaliste.

Mais aujourd’hui, il y a dans le fond de l’air un parfum de révolte. C’est celui d’un mouvement social qui déborde et devient incontrôlable. C’est celui d’une jeunesse qui refuse d’aller à l’abattoir qu’on lui promet : trimer jusqu’à crever au milieu d’un monde en ruines. C’est celui d’un soulèvement par mois sur la planète. Aucun gouvernement n’est épargné : gouvernements religieux patriarcaux, gouvernements de militaires rentiers, gouvernements progressistes arc-en-ciel et respectueux de la diversité, gouvernements d’anciens leaders de mouvements populaires, gouvernements d’autoritaires populistes décérébrés.

Revenons-en aux violences policières de l’État français. Nous sommes en train de passer de la douleur, de la sidération et de l’abattement à la colère, à l’action. Alors réfléchissons ensemble. Nous ne pouvons pas vaincre la police sur le terrain militaire, surtout qu’elle a permis de tuer. En revanche, nous pouvons être plus malins qu’elle, ce qui, vu les argousins en face de nous, n’est pas forcément hors de portée. Dans le mouvement social, soyons mobiles plutôt que dans le face à face. Soyons à de multiples endroits plutôt qu’à un seul. Masquons-nous pour éviter les caméras ou dissimulons ceux qui passent à l’action. Ne laissons pas nos camarades se faire arrêter. Soyons solidaires avec les condamnés et les blessés, moralement, financièrement, juridiquement, dans la rue. Parlons entre nous de nos expériences de répression pour ne pas faire les mêmes erreurs. Ne parlons pas aux renseignements territoriaux, qui essaient de faire copain-copine pour mieux alimenter les fiches qui serviront plus tard à nous faire tomber. Refusons de faire le tri entre les gentils et les méchants dans nos rangs, car c’est tout le mouvement social qui en sort perdant. Créons les conditions d’une incapacité de l’État à pouvoir nous réprimer, et un soutien sans faille à ceux que le pouvoir condamne.

Macron et Darmanin, costard sur le dos mais sang sur les mains.

Contre la répression, solidarité !

RASSEMBLEMENT En soutien aux blessé·es de Ste-Soline et pour la défense de l'expression dé́mocratique devant la Sous Préfecture de Saint-Nazaire Jeudi 30 mars 19h.

 

Comme partout en France

RASSEMBLEMENT

En soutien aux blessé·es de Ste-Soline et

pour la défense de l'expression dé́mocratique

devant la Sous Préfecture de Saint-Nazaire Jeudi 30 mars 19h.

 

Le CODELIB décline localement l’appel nantais à un rassemblement pacifique jeudi 30 mars en hommage aux blessé·es de Sainte Soline. Nous appelons également toutes celles et tous ceux qui le peuvent à contribuer à la cagnotte de soutien aux Soulèvements de la Terre et à Bassines non merci qui servira notamment à soutenir juridiquement les blessé·es.


https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-defense-des-terres/formulaires/4

Samedi 25 mars, trente mille personnes se sont réunies à̀ Sainte-Soline pour défendre le vivant, l’accès collectif à l’eau et sa gestion commune. L’Etat, en la personne de Gérald Darmanin, a décidé de faire de cette manifestation le laboratoire d’une intensification inadmissible de la conflictualité politique. Avec 3 000 forces de gendarmerie, 4 000 grenades potentiellement mutilantes et létales lancées, des blindés, des quads, la volonté́ de militariser la répression du mouvement écologiste était manifeste. Heureusement les manifestant·es ont su s’organiser pour prendre en charge du mieux possible les blessé·es et ont su, grâce aux élu·es présent·es, contourner le refus des autorités locales (Préfecture et gendarmerie) de soigner les blessé·es en danger de mort.

Aujourd’hui 200 personnes blessées se soignent, 2 personnes sont entre la vie et la mort. La défense d’une installation agricole ne devrait certainement pas aboutir à ce bilan.

Les organisateurs et organisatrices du rassemblement font maintenant l’objet d’une persécution politique injustifiée avec la menace de dissolution formulée par le ministre de l'intérieur.

Nos organisations défendent et défendront toujours la démocratie et le droit de manifester sans risquer la mort ou la mutilation. Sainte-Soline, mouvement contre la réforme des retraites, la contestation ne doit pas être traitée à̀ coup de matraques et de grenades.

Nous appelons le gouvernement à reconnaitre ses torts, mettre un terme à l’escalade dans la répression du mouvement social, retirer la réforme des retraites immédiatement, et adopter une politique de l’eau qui préserve le vivant et l’accès à l’alimentation pour toutes et tous.

Nous témoignons de notre douleur et apportons notre soutien plein et entier aux victimes de la répression politique, ainsi qu’aux personnalités (élues, responsables associatifs, militant·es écologistes, journalistes...) menacées et attaquées.

Signataires nantais : Europe Ecologie Les Verts -Nantes En Commun -La France Insoumise -Nouveau Parti Anticapitaliste - Association de Veille Ecologiste et Citoyenne - Gauche Démocratique et Sociale -Union Démocratique Bretonne -Ensemble! -Génération-s -Territoire 44 -NDDL Poursuivre Ensemble -Maison Du Peuple Nantes -Place Publique -Extinction Rébellion - ATTAC 44 -Jeunes Ecologistes -Jeunes Insoumis-es -Union Pirate Nantes -UCL Nantes - La Voix Lycéenne -Mouvement Jeunes Communistes de France -Solidaires 44 -UL CGT Nantes -FSU Loire-Atlantique

 


 

Le CODELIB (Comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires) créé à Saint-Nazaire le 18 février 2009, regroupait des associations, syndicats, organisations politiques*, et des individus qui avaient décidé d’unir leurs forces pour lutter contre les politiques sécuritaires et répressives. Il est temps de le réactiver.

* composaient Le CODELIB : ATTAC St-Nazaire et Presqu’île - Collectif des objecteurs de croissance - Collectif 44=Breizh - Des individuEs - Emgann - Europe Ecologie-Les Verts - FCPE - FSU - Label Gauche - Les Alternatifs 44 - Ligue des Droits de l'Homme - MRAP - NPA - PCF - PG - PS - FCPE - No Pasaran 44 - SDEN - CGT - SLB - UDB -UL-CFDT - Union Syndicale Solidaires - USM-CGT

mercredi 29 mars 2023

COMMUNIQUE des parents de SERGE grièvement blessé à Sainte-Soline

 

COMMUNIQUE des parents de SERGE

 

 

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un "pronostic vital engagé", suite à la blessure occasionnée  par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

 

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l'arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d'une enquête de police, et détournement d'informations contenues dans un fichier de leur finalité.

 

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que  :

 

- Oui, Serge est fiché "S" - comme des milliers de militants dans la France d'aujourd'hui.

 

- Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires - comme la plupart des gens qui se battent contre l'ordre établi.

 

- Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes - comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu'une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

 

Nous considérons qu'il ne s'agit là nullement d'actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

 

 

Les parents de Serge

Le Mercredi 29 mars 2023

 

Soutiens aux blessé·es - Rassemblements devant les (sous) Préfectures Jeudi 30 mars 2023 - 19h

 

En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessé.es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières.

La brutalité concomitante de la réponse d’État à la poursuite du mouvement des retraites et à la mobilisation de Sainte-Soline est en train de marquer au fer rouge l’histoire du pays. Elle appelle aujourd’hui à faire front ensemble.

Face à l’inaction climatique du gouvernement, à son soutien intangible à des lobbys industriels écocidaires et à l’aggravation flagrante de la crise écologique, le mouvement contre les méga-bassines a, ces derniers mois, offert une prise. Si le peuple de l’eau, plus nombreux que jamais à braver les interdictions préfectorales, est allé de nouveau jusqu’au chantier de la bassine de Sainte-Soline le 25 mars ce n’était pas par goût inconsidéré du risque. Tout ce qui a été dit sur les soi-disantes motivations obscures des manifestant·es par Darmanin et consorts avant et après la mobilisation est à cet égard une profonde insulte à l’engagement des 30 000 personnes qui se sont rassemblées samedi. Si depuis un an et demi, ces foules grandissantes ne se contentent plus de défiler mais recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l’eau ou des terres, c’est bien parce qu’il y a une urgence vitale à agir. Et ce sentiment d’urgence ne fera qu’augmenter tant que l’on continuera à construire dans ce pays des infrastructures dont les conséquences sont telles qu’elles incarnent une violence écologique et sociale qui n’est plus aujourd’hui tolérable.

Cet élan vital, E. Macron l’a accueilli samedi avec une pluie de grenades létales, 4000 en 2h. Alors que 30 000 personnes s’approchaient d’un trou grillagé que l’État avait transformé en symbole de son autorité, 200 personnes ont été percées d’éclats dans leurs chairs, 40 gravement. L’une a perdu l’oeil, d’autres se sont faits arracher la mâchoire ou risquent de perdre le pied. Deux sont toujours aujourd’hui dans le coma, entre la vie et la mort. Comme à Malville face à la déferlante anti-nucléaire en 77 ou à Sivens en 2014 face à l’éclosion des zads en divers endroits du pays, l’État français a choisi délibérément le 25 mars de se donner sciemment la possibilité de tuer.

Ce 25 mars, le gouvernement Macron a tenté de faire taire un espoir politique par la mutilation de masse.

Il a ainsi affirmé brutalement que la montée en puissance du mouvement de défense de l’eau ne pouvait qu’être considérée comme un affront intolérable à son égard. Depuis des années, ce mouvement réitère pourtant les demandes d’ouverture d’un réel dialogue avec les habitant·es des territoires, les paysan·nes, les associations environnementales. La seule réponse gouvernementale à ces issues au conflit aura été est la terreur. Cette violence sourde face au mouvement écologiste est la même que le gouvernement Macron a déployé pour mater les gilets jaunes en 2019 et aujourd’hui contre le peuple qui persiste à refuser sa réforme injuste des retraites. C’est aujourd’hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu’à inquiéter les institutions internationales. A cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd’hui la persécution légale des mouvements organisateurs avec l’engagement d’une procédure de dissolution à l’encontre des Soulèvements de la terre.

De Sainte-Soline, ce week-end nous retenons heureusement aussi les tracteurs paysans qui déjouent les escortes de police, le camp qui surgit des champs au milieu du dispositif, les camarades des 4 continents, les animaux géants et les danses, la foule de tout âge qui serpente les champs à l’infini, son courage, sa solidarité inouïe face à l’adversité. Toute cette force est encore en nous et nous la retrouverons. Mais elle est aujourd’hui profondément entachée par les chairs mutilées, par ces vies encore en suspens. C’est pour nos blessé·es, pour leur rendre hommage, appui, pour que cela cesse qu’il y a un impératif à se retrouver de nouveau dans la rue. Non pas concentrés sur une même prairie cette fois. Mais partout dans le pays, devant les préfectures. Bien plus nombreux et nombreuses encore.

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler :
jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l’interdiction des grenades GM2L.

Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d’avoir lancé des grenades létales, de l’avoir prémédité, et d’avoir ensuite obstrué l’arrivée des secours. Montrons leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l’espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.

Confédération Paysanne - Bassines Non Merci - Les Soulèvements de la terre, les organisateurs de la mobilisation du 25 mars à Sainte-Soline et toutes les organisations sociales, syndicales, et associations qui souhaiterons s’y associer.

Pour co-signer l’appel cliquez sur ce lien et remplissez le formulaire

Lire également :
Réaction à l’annonce de la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre