vendredi 11 octobre 2013

Flash-ball : Témoignage de Pierre délibéré de la cour d'appel de Rennes

Pierre a été Blessé en 2007 par un tir de Flash-Ball (LDB) lors d'une manifestation devant le rectorat de Nantes. En 2012 le tireur a été relaxé par le tribunal de Nantes. La cour d'appel de Rennes vient de rendre son verdict au cours d'un délibéré dont Pierre nous fait le récit ci dessous.

Communiqué

Rennes 11 octobre 2013 : parodie de Justice, dernier épisode
Non-récit du délibéré du procès en appel
Vendredi 11 octobre, 8 heures,

De grosses gouttes et pluie et un vent glacial nous accueillent dans la Métropole Rennaise. 
Déjà l'automne.
C'est le sixième automne depuis que j'ai été touché de plein fouet au milieu d'une foule de manifestants lycéens : un policier cagoulé avait ajusté le canon de sa nouvelle arme sur mon visage. C'était en 2007. J'avais 16 ans.
Le tireur, Matthieu Léglise est un récidiviste, il s'était porté volontaire pour tester le LBD alors en expérimentation. Un de ses terrains d'expérience : les cortèges de lycéens.
Matthieu Léglise avait continué à parader en uniforme, armé, dans les rues nantaises les mois et les années qui ont suivi. Faire comparaître ce policier au bout de plusieurs années est déjà le fruit d'un combat âpre, de longue haleine. Je me heurtais au mur kafkaïen de l'État français, autrement plus armé, solide et organisé que moi.
En mars 2012, le tribunal de Nantes, noir, lugubre, pris en étau par une multitude de fourgons bleus, avait prononcé la relaxe du policier tireur.
« Il n'avait fait qu'obéir aux ordres »
Nous avons fait appel contre cette carte blanche qu'un Juge nantais avait offerte à toutes les polices pour mutiler en toute impunité. Offrant une jurisprudence favorable pour tireurs au flashball. Plus d'un an plus tard, en juin 2013, je plaidais sans intermédiaire, face aux magistrats de la Cour d'Appel de Rennes. Je rappelais que la police avait menti à d'innombrables reprises, détruit des éléments du dossier (Procès verbaux de tirs, films policiers au moment des tirs), mais que mon cas n'était pas isolé. Il faisait partie d'un tout, d'une offensive sécuritaire de militarisation des policiers, d'impunité garantie. Plusieurs dizaines de personnes ont été gravement blessées ou tuées depuis ma blessure en 2007.
Cette Cour sera-t-elle moins soumise à la terreur qu'exerce la police nantaise ?
Le délibéré est alors annoncé pour octobre 2013.
« On est dans un État de Droit »
C'est l'argument éructé par un uniforme pour justifier le barrage policier mis en place par ses collègues pour nous empêcher -moi, mes amis, la LDH partie civile- d'assister au délibéré de l'affaire. Je découvre une curiosité dont je n'avais encore jamais entendu parler : le délibéré à huis clos, où l'on empêche aux plaignants d'assister aux audiences qui les concernent. Le Juge rennais rend un délibéré clandestin. Et tout cela, au nom du Droit. Les policiers prétendent qu'il n'y a pas de place, comme ils l'avaient déjà prétendu aux audiences qui avaient précédé : ils mentent. Ils font entrer devant nous plusieurs personnes, tout en nous bloquant. Les journalistes ont eu -pour certains- plus d'informations que je n'ai pu en avoir sur ma propre affaire.
« J'en ai rien à foutre »
Ajoute le même policier quand je le préviens que je ferai connaître cette nouvelle mascarade judiciaire, l'intimidation, le mépris que nous sommes en train de subir.
De toute évidence, des ordres ont été donnés : filtrer les gêneurs. Les autres peuvent rentrer, pas nous. Nous sommes bloqués devant le portique de sécurité du Tribunal par les forces de l'Ordre.
Je pouvais raisonnablement m'attendre à la lâche décision de confirmer la relaxe du tireur. Je n'avais par contre pas imaginé que les magistrats aient besoin d'un rideau de policiers pour éviter qu'un plaignant assiste à la décision qui le concerne.
Un policier lève son majeur en notre direction. Ses collègues sont hilares. Jusqu'au bout, sur le fond comme sur la forme : pathétiques.
« La Cour d'Appel a confirmé la relaxe totale de Mathieu Léglise»
C'est finalement une secrétaire qui me le confirme alors que j'ai du forcer le portique pour pouvoir obtenir l'amorce d'une information. Il est maintenant près de 10 heures, les délibérés ont été lus depuis longtemps. L'argumentaire du Juge ne me sera pas donné ce jour, j'ai raté le délibéré pour des « raisons de sécurité ».
Jusqu'au bout le cynisme, l'humiliation l'impunité policière règnent. Une énorme machine essaie de détruire une deuxième fois ceux qui tentent de survivre aux violences infligées par les forces de l'Ordre.
On retrouve les mêmes pratiques, les mêmes mensonges, les mêmes intimidations dans les différentes affaires de flashball -et de violences policières au sens large-. C'est le blessé qui se retrouve jugé, accusé. C'est la double peine. Il faut garder la tête haute. Sans illusion.
La police sarkozyste m'a mutilé. La Justice socialiste confirme aujourd'hui la relaxe du policier tireur. Entretemps, les ministres de l'intérieur successifs ont offert des centaines de ces « armes à feu à usage militaire » -selon la terminologie officielle qui catégorise ces objets- que sont les LBD. Les mutilés se sont multipliés.
Ce combat continue au Tribunal Administratif pour faire condamner la chaîne de commandement du policier, l'État qui a armé le tireur. Ce dernier ne sera pas inquiété. C'est une page qui se tourne.
Une pensée pour tou-te-s les blessé-e-s par les armes de la police. Le dernier -à ma connaissance- : Salim, 14 ans, à Trappes cet été.
Ni oubli, ni pardon,
Pierre



samedi 5 octobre 2013

Censure en Pays De La Loire


La censure existe toujours pour preuve cette atteinte à la liberté d'expression et de création exercé par Jacques AUXIETTE Président de région.


LETTRE OUVERTE A MONSIEUR LE PRESIDENT DE LA REGION PAYS DE LA LOIRE

Monsieur le Président,

En avril dernier, le comité technique chargé d'émettre un avis sur les projets de films sollicitant une subvention de la Région Pays de la Loire, a décidé à l'unanimité d'attribuer une aide au développement de 4000 euros pour le film de Vincent Lapize « Dernier continent ». Ce projet de documentaire traite de la question de l'engagement collectif, en retraçant la lutte des militants opposés au projet d'aéroport de Notre Dame des Landes.

 La procédure d'attribution des subventions prévoit ensuite que les avis du comité technique, réunissant des professionnels du cinéma et de l'audiovisuel, soient soumis en commission permanente au vote des élus de la Région. Considérant que le sujet du film allait à l'encontre du projet d'aéroport de Notre Dame des Landes soutenu par l'exécutif régional, le dossier a été retiré de l'ordre du jour de la commission permanente. 

 Certes, le règlement d'intervention de la région stipule que le comité technique ne rend qu'un avis d'experts qui doit être soumis au vote des élus. Mais dans l'histoire du fonds d'aide régional à la création audiovisuelle et cinématographique, il n'y a eu qu'un précédent où l'exécutif régional s'est opposé au versement d'une aide défendue par le comité technique, et votée en commission permanente : c'était en 1998. La région était alors dirigée par François Fillon, et un projet de court métrage de Sébastien Lifshitz traitant d'homosexualité avait été censuré a postériori, malgré le vote positif du comité d'experts et de la commission permanente. « Une affaire extrêmement grave ! » « Un acte de censure ». « L'assemblée régionale ne doit pas intervenir sur le contenu des œuvres » aviez-vous déclaré dans la presse à l'époque, comparant cette affaire « à ce qui se passe dans les municipalités gouvernées par le FN et les Régions sous sa tutelle » (ouest France du jeudi 15 octobre 1998). Quinze ans plus tard alors que vous êtes à la tête de la région Pays de Loire, vous n'hésitez pas à reproduire les actes que vous dénonciez à raison, en retirant de l'ordre du jour de la commission permanente le dossier du film de Vincent Lapize, privant l'assemblée régionale d'un débat, et estimant dans un communiqué que « se draper derrière les principes de liberté de création et d'expression relève de la plus totale démagogie ».

 Contrairement à ce que vous soutenez, la polémique soulevée par ce refus d'aide n'est pas mauvaise : elle est saine. Aucun professionnel de la filière ne peut défendre votre position qui signe la fin de la liberté de création des auteurs et réalisateurs, dès lors qu'ils souhaiteront obtenir le soutien de la région. Vous savez pourtant à quel point ces aides sont déterminantes pour la production de ces films souvent fragiles, portés par des producteurs qui se battent pour faire vivre la création cinématographique en région.

A ce jour, la société de production du film n'a toujours pas reçu de réponse officielle à sa demande d'aide. Il y a quelques jours seulement, les membres du comité technique ont reçu un courrier signé du Vice-Président de la Région Alain Gralepois, leur apprenant que contrairement à l'avis émis, la Région ne verserait pas l'aide au développement, pour des raisons de « cohérence avec la politique régionale ». Cinq d'entre eux ont décidé de démissionner du comité technique, considérant que cette décision était : « un affront à leur professionnalisme » et « une erreur politique majeure ».

Nous soutenons largement leur décision, tout comme celle de Daniel Ramponi, élu qui a démissionné de la présidence du comité technique dès le mois de juillet. Le soutien à la création audiovisuelle et cinématographique est une action noble qui n'a rien à voir avec la communication.

Nous vous demandons de respecter l'avis émis par le comité technique et de soumettre le dossier à la commission permanente, afin de prouver votre attachement aux valeurs démocratiques et à la défense de la création culturelle. 

 Le 1er octobre 2013 

Sophie Averty, réalisatrice- Brigitte Baron-Chevet, réalisatrice - Hubert Budor, réalisateur - Céline Durand, directrice Film en Bretagne- Patrice Gérard, réalisateur- Catherine de Grissac, réalisatrice - Martin Gracineau, ingénieur du son - Mickael Hamon, réalisateur - Patric Jean, cinéaste - Bertrand Latouche, chef opérateur image - Maël Mainguy, directeur de production - Jean-François Maitre, ingénieur du son - Jean-François Marquet, réalisateur - Florence Mary, réalisatrice - Benoit Maximos, chef monteur - Frédéric Mousson, chef opérateur image - Christian Rouaud, cinéaste - Estelle Robin-You, productrice - Serge Steyer, réalisateur - Bertrand Tesson, réalisateur - Céline Thiou, réalisatrice - Frédéric Violeau, réalisateur
et
le conseil d'administration de Film en Bretagne


Vous avez le lien pour signer avec nous cette lettre ouverte, et surtout ne pas hésiter à la faire suivre. https://www.facebook.com/nonalacensure.paysdeloire/posts/1391593404408073

Pour ajouter votre nom à la liste des signataires, sans passer par facebook envoyez un courriel à l'adresse suivante : nonalacensure.pdl@gmail.com


jeudi 3 octobre 2013

Poitiers 12-13 octobre 2013 - Quatrième forum antirépression

Comité Poitevin Contre la Répression des Mouvements Sociaux ANTIREP 86

Après le 1er forum des 5-6 décembre 2009 (réponse à la répression de la manifestation anticarcérale du 10 octobre), un 2e forum s’est tenu à Poitiers les 13-14 novembre 2010, puis un troisième les 26-27 novembre 2011. Ce fut chaque fois l’occasion d’échanger des expériences et de débattre sur l’évolution de plus en plus répressive de notre société avec divers acteurs/militants poitevins, mais aussi avec des collectifs venus d’un peu partout du Grand Ouest.
De « la ville aux cent clochers » de la droite traditionnelle, Poitiers la « socialiste » est devenue la ville aux cent procès contre celles et ceux qui entendent contester l’ordre établi, réclamer leur droit au logement ou à ne pas être expulsés, ou tout simplement à manifester dans la rue.
Cela fait maintenant seize mois que la gauche est au pouvoir au niveau national, et nous savions que cela ne changerait rien ! Le gouvernement socialo-écologiste mène sans coup férir une politique de modernisation des outils répressifs à l’égard de pans entiers de la société, qu’il s’agisse des salariés, des immigrés ou de tous les secteurs qui tentent de réagir contre l’offensive généralisée du capital et de l’Etat.
C’est pourquoi nous invitons tous les collectifs de Poitiers et d’ailleurs qui se sentent concernés par ce constat à participer à deux nouvelles journées de discussions contre la répression et le contrôle social les samedi 12 (à partir de 14 heures) et dimanche 13 octobre à l’auberge de jeunesse de Poitiers, 1 allée Roger-Tagault.
Chacun apportera son expérience lors des différents débats indiqués sur le programme ci-joint, et le dimanche matin une table ronde entre les différents collectifs et individus luttant contre la répression clôturera ce forum où nous espérons vous voir nombreuses et nombreux.

Comité Poitevin Contre la Répression des Mouvements Sociaux ANTIREP 86

DEUX JOURS DE DISCUSSION
contre la répression et le contrôle social

PROGRAMME DU SAMEDI 12 14:00 pour le droit au logement
et contre le contrôle social
16:30 Du ghetto des cités à la prison
18:00 pause casse-croute
20:00 les atteintes à la liberté de manifester à poitiers et ailleurs
22:00 Discussion sur les moyens de notre autodéfense
 

PROGRAMME DU DIMANCHE 13
10:00 table ronde entre les différents collectifs et individus luttant contre
la répression


ENTRéE LIBRE ET GRATUITE
à l'auberge de jeunesse
1 allée roger tagault à poitiers
ANTIREP2013 (A) RISEUP.NET