mercredi 5 juillet 2023

AMNISTIE POUR LES INCULPÉS DE LA RÉVOLTE POPULAIRE !

 



Police, justice, prison : les maillons d’une même chaîne

« Moi quand je fous le feu ça fait d’la lumière et j’y vois plus clair ! »

Hafed Benotman, 2005

Contrairement à ce que tous les commentateurs serinent à longueur d’émission, les feux de la révolte en cours nous disent beaucoup. Notamment sur le système police-justice-prison, qui est là avant tout pour enfermer les pauvres, notamment les jeunes prolétaires racisés – quand il ne les tue pas. Face aux arrestations de masse de ces derniers jours, se rendre dans les tribunaux qui ont commencé à juger les révoltés – et y porter la revendication d’une amnistie générale –, c’est le moins qu’on puisse faire.

« Il y a chez eux une dynamique qui les dépasse. En réalité, ils n’obéissent à aucun raisonnement rationnel », assène le substitut du procureur de Nanterre après l’annonce des premières incarcérations. Au-delà d’un mépris social et d’un racisme hélas largement partagés, il est clair que lui a un intérêt direct à dépolitiser, désocialiser et animaliser les révoltés qu’il envoie au trou… puisque l’institution qu’il incarne est une des cibles de cette révolte populaire. On entend beaucoup parler des attaques de mairies, de commissariats et autres Lidl, moins de celles des maisons de justice, de la prison de Fresnes et de Réau, ou encore des bien mal nommés Services de probation et d’insertion pénitentiaire (Spip). A croire qu’« intoxiqués » à GTA ou pas, les gamins en révolte savent bien que la prison est faite pour eux – comme elle l’était pour leur parents qui ont connu le tournant sécuritaire des années 1980 et l’explosion de l’incarcération de masse. A croire que l’« insertion » n’est qu’un autre nom de la mise au travail de la jeunesse des quartiers populaires dans des conditions dégradantes.

La brutalité d’hommes en armes quadrillant les rues n’est que l’expression la plus visible de la violence d’État. Après le policier, c’est le juge qui prend le relais ; et après le juge, le maton. C’est la chaîne pénale : police-justice-prison. Comme celle de la police, la violence des cours de justice s’abat tous les jours, tranquillement, sur les classes les plus pauvres et les plus stigmatisées des quartiers populaires. « Combien de Nahel n’ont pas été filmés ? »,peut-on lire sur des banderoles. De 2014 à 2019, la police a tué en moyenne 25 personnes par an ; depuis, le nombre des morts entre les mains des forces de l’ordre a encore bondi – jusqu’à 52 décès en 2021, et plus de 40 l’année dernière. Et combien d’autres morts en prison ? Impossible de le dire : là, il n’y a jamais d’images, évidemment. On pense à Sambaly, à Jawad, à Idir, à Alassane, à Jimony, à Taoufik, à Théo, à Gordana et tant d’autres. Prisonnier.e.s et proches le répètent à la radio ou dans notre journal depuis vingt ans : la violence des surveillants pénitentiaires s’abat tous les jours. Ils humilient ; certains tabassent, certains tuent derrière les hauts murs des prisons de France ; tout particulièrement dans les mitards et les quartiers d’isolement. Dans ces lieux, pas d’autres témoins que les caméras de surveillance, et les agents connaissent tous les angles morts. Comme les policiers, ils sont couverts par leur hiérarchie et acquittés par la justice.

La phase judiciaire de la répression des mouvements sociaux ne produit pas d’images révoltantes, mais elle n’en est pas moins violente pour autant. Le garde des sceaux Dupont-Moretti a d’ores et déjà sonné la mobilisation générale de la machine judiciaire pour écraser le mouvement. Il y a fort à parier que les chiffres de 2005 (800 révoltés avaient pris du ferme en trois semaines) et ceux des Gilets jaunes (1 500 peines ferme en cinq mois) seront largement dépassés. Sa circulaire à destination des parquets est d’ailleurs le décalque de celle qui visait le mouvement des Gilets jaunes – avec la criminalisation des parents en prime. Le ministre encourage le recours à l’infraction de « participation à un groupement en vue de la préparation de violences », qui permet de condamner toute personne présente sur les lieux, en l’absence de tout autre élément à charge. Les procureurs sont invités à « déferrer » tout le monde systématiquement, même les mineurs. Ça va entraîner énormément d’incarcérations, car les sanctions pénales qui suivent un déferrement sont généralement plus lourdes et plus brutales. L’augmentation du recours aux comparutions immédiates est exponentielle depuis les grandes révoltes de 2005 ; et lors des mouvements sociaux, elles sont utilisées massivement.

Le ministre demande aussi de faire remonter les chiffres tous les jours pour faire de la communication – pour éteindre le soupçon de cet introuvable « laxisme judiciaire » qui est invariablement invoqué par la droite et l’extrême droite. Car l’extrême droite armée est à l’offensive dans les médias comme dans les rues : les mêmes syndicats de policiers qui demandent « le respect de la présomption d’innocence » et « l’indépendance de la justice » pour leur collègue exigent en même temps que la justice s’automatise encore plus pour ceux qu’ils qualifient de « nuisibles », de « hordes sauvages », de « chienlit ». Pour les éradiquer, ils exigent une fois de plus les pleins pouvoirs, ils en appellent au « réarmement de la police ». Ce terme avait été utilisé par Marine Le Pen en 2017 après le viol de Théo par d’autres policiers fascistes. Juste avant, des flics avaient manifesté armés non loin de l’Elysée. Ils se chauffaient, à l’époque. Aux élections suivantes, ils manifestaient cette fois devant l’Assemblée nationale pour dénoncer ce chimérique « laxisme judiciaire ». Déjà ministre de l’Intérieur, Darmanin les avait rejoints pour les assurer de son soutien. Forts de ces victoires symboliques successives, les syndicat Alliance et Unsa ont prospéré et assumé leur orientation fasciste au cœur de la police, mais aussi dans l’administration pénitentiaire. Les menaces séditieuses de ces jours-ci sont la suite logique d’une négociation au long cours au cœur de l’État pour qu’il durcisse le régime et arme toujours plus ces hommes déjà en armes. Ce qu’il fait, d’ailleurs, en déployant le Raid et la BRI, qui tirent dans les rues.

Face à cette prise d’otage de l’Etat et des rues par ces bandes armées, c’est ailleurs qu’il s’agit de construire un rapport de force. S’il y a bien un endroit où il faut se trouver, c’est dans les tribunaux et devant les prisons : pour dire à la justice qu’on n’est pas d’accord, et pour que les gens se sentent moins seuls face à une institution entièrement dirigée contre eux. Déjà des réunions, des collectifs, des rassemblements s’organisent pour faire face à l’immense répression policière et judiciaire que l’État va continuer à déployer. Il y a eu près de 4 000 arrestations en une semaine, et les premières perquisitions ont déjà eu lieu. Soyons nombreux et nombreuses dans les tribunaux et devant les prisons pour que l’autodéfense collective face à la justice fasse partie intégrante du mouvement.

Il nous faut trouver la force et la détermination nécessaires pour exiger l’amnistie de tous les inculpés, c’est-à-dire l’abandon des poursuites à leur encontre et leur libération immédiate. Celles et ceux qui ont pris part au mouvement social contre la réforme des retraites, celles et ceux qui se mobilisent contre la dissolution des Soulèvement de la terre, les organisations de gauche et de défense des droits de l’homme peuvent trouver là le moyen de se solidariser en actes avec les révoltés. Dans la rue, la révolte populaire a déjà pris pour cible la chaîne pénale qui sert à enfermer principalement celles et ceux qui subissent de plein fouet la violence économique, tout en couvrant la violence de ses agents. Un tel mot d’ordre d’amnistie générale serait un premier pas pour gripper la machine judiciaire qui enferme chaque jour les enfants des colonisés, les étrangers et les pauvres des quartiers de France ; qui tous n’en peuvent plus d’être stigmatisés, emprisonnés et pris pour cibles.

L’Envolée, 4 juillet 2023.

https://lenvolee.net/

mardi 4 juillet 2023

Cinq paquets de cigarettes et 9 pieds gauches !

 Comme la présence physique de citoyen.nes, militant.es est indispensable dans tous les cas où la police, la justice… interviennent en notre nom, je suis allée lundi 3 juillet à 14h au tribunal judiciaire de St-Nazaire ; cette audience n’avait rien à envier à celles qui ont pu être décrites dans Médiapart ou autres.

Trois jeunes personnes arrêtées dans la nuit de jeudi à vendredi étaient poursuivies, en comparution immédiate, décidée par le juge des libertés après leur placement sous écrou dimanche

l’une seule et deux autres ensemble, pour 

- dans le premier cas ((M. B SA, 35 ans) des « faits » de vol, participation à un regroupement formé en vue de la préparation de violences…, 

victime le bar tabac La Vecquerie,

- la deuxième Me LD 23 ans) pour vol .. et participation avec arme à un regroupement formé...

- le troisième (M. LM, 18 ans tout juste) pour faits de « recel », 

pour les deux derniers cas victimes le Balto et le Foot Locker

Pour la comparution immédiate, ce lundi à 14h, il y a grève du greffe, le jugement ne peut donc avoir lieu sur le fonds, report au jeudi 20 juillet à 14h, mais la quasi-réquisition d’une greffière permet cependant de prendre une décision sur le maintien ou non en détention provisoire des trois personnes.

Le procureur et la présidente du tribunal ont des propos très très durs, ils s’étendent complaisamment sur les casiers judiciaires des prévenu.es ou leurs précédents sursis probatoires. Le procureur les accusent (propos tout de même sidérants) d’avoir « profité de la dissolution de l’ordre public et social » pour accomplir des actions opportunistes de pillage.

Les avocats soulignent des problèmes de procédure (incongruité de cette audience qui ne devrait pas avoir lieu, pb de pv (l’un pas signé par celui qui a procédé à l’arrestation, l’autre avec doute sur les horaires : vol ou recel ?) : Pour M. LM, il s’agit de 5 paquets de cigarettes et 9 pieds gauche de chaussures !

Les trois ont des garanties de représentation, deux travaillent (contrat aux Chantiers, entreprise de menuiserie de Mesquer, l’une est en stage à Airbus avec espoir de promesse d’embauche) ;.Ils acceptent et respecteront un contrôle judiciaire dans l’attente du jugement…

Bilan : trois maintiens en détention provisoire jusqu’au 20 juillet ! à cause d’un report d’audience dans lequel ils n’ont aucune responsabilité. 

Je suis atterrée : pour moi pas question de juger s’ils sont ou non des petits anges, ce n’est pas le problème, mais je juge cette décision inique : toutes les mesures alternatives à la prison ont été récusées, et ce maintien en détention risque d’avoir d’énormes conséquences pour leur boulot, leur vie …).

La rage au cœur, je me suis baladée dans le hall du tribunal de groupe en groupe en répétant mezzo voce : "pas de justice, pas de paix !"

G. (à titre personnel)

samedi 6 mai 2023

Forum des luttes et des livres anticapitalistes Poitiers 13 et 14 mai 2023

 

Les samedi 13 et dimanche 14 mai aura lieu à l’auberge de jeunesse de Bellejouane, à Poitiers, le Forum des luttes et des livres anticapitalistes organisé par le Comité poitevin contre la répression des mouvements sociaux ainsi que par Les camarades du S.

Cette année encore, on vous accueille pendant deux jours avec les stands de nombreuses maisons d’édition (Libertalia, FLBLB, La Fabrique, Le Monde à l’envers, Acratie, Anacharsis....) et des débats avec nos invités David Dufresme, Julien Le Guet et Jacques Wajnsztejn. Restauration sur place.

Ouverture à partir de 11 heures. Clôture en musique avec le spectacle Pour qu’on m’apprivoise .

Présentation des débats :

Les répressions policière et judiciaire qui se multiplient actuellement contre tous les mouvements sociaux ne sont nullement le dérapage d’un gouvernement aux abois, mais une véritable stratégie d’État pour mettre à genoux celles et ceux qui refusent de passer à la moulinette de l’offensive capitaliste.

DAVID DUFRESNE, écrivain spécialiste des violences policières, auteur de Tarnac, magasin général et de Maintien de l’ordre – Enquête, réalisateur du documentaire sur les émeutes de 2005 dans les banlieues françaises, introduira le premier débat samedi après-midi.

L’anticapitalisme irrigue la contestation sociale comme elle ne l’a pas été depuis longtemps. Cependant, ce sont souvent les symboles de ce capitalisme qui sont attaqués, et non ses fondements. JACQUES WAJNSZTEJN, auteur de nombreux articles dans la revue Temps critiques, nous parlera, en introduction au deuxième débat de samedi, de trois articles parus dans cette revue à propos du mouvement actuel sur les retraites.

Le dimanche après-midi sera consacré à la lutte contre les bassines. Une lutte qui est non seulement écologique mais aussi anticapitaliste, une lutte de classe. JULIEN LE GUET, un des animateurs de Bassines non merci 79, introduira ce débat.

Samedi :

  • 11 h : Ouverture des stands de livres, petite restauration.
  • 14 h : Débat sur le capitalisme, animé par Jacques Wajnsztejn (auteur notamment de brochures sur le mouvement contre la réforme des retraites et sur celui des gilets jaunes)
  • 17 h : Débat sur les répressions policière et judiciaire, animé par David Dufresne (auteur de divers ouvrages sur la police).

Dimanche :

  • 11 h : Ouverture des stands de livres, petite restauration.
  • 14 h : Présentation de la lutte contre les bassines et de sa construction, par Julien Le Guet.
  • 17 h : Clôture musicale du forum avec le spectacle Pour qu’on m’apprivoise, reprises d’Anne Sylvestre par Annaïg Drion et Paul Paitel.

Maisons d’édition présentes sur les stands : Acratie, Le Monde à l’envers, Libertalia, La Fabrique, FLBLB, Smolny, La Lenteur, L’Echappée Demain les Flammes, Anacharsis, CMDE, Spartacus, l’Insomniaque et bien d’autres.

mercredi 3 mai 2023

Tribune de la LDH “La défense des libertés est devenue le sujet le plus brûlant de la période” publiée dans Le Monde

 


Tribune du président de la LDH, Patrick Baudouin, et de ses présidents et présidente d’honneur : Henri Leclerc, Jean-Pierre Dubois, Pierre Tartakowsky, Françoise Dumont, Malik Salemkour

A lire dans Le Monde

Depuis quelques jours, le procès est instruit, tambour battant. La Ligue des droits de l’Homme (LDH) ne serait plus elle-même, elle aurait changé, basculé du côté obscur des forces ennemies de la République, islamistes et autres « écoterroristes »… Les procureurs se bousculent : un ministre de l’intérieur, une première ministre s’activent aux côtés d’une brochette de polémistes toujours prompts à chasser en meute le « droit-de-l’Hommiste ». L’un propose que l’on examine de près ses ressources, l’autre enfonce le clou.

Qui a changé ? Certainement pas la LDH. Fondée dans la lutte contre l’antisémitisme et une raison d’Etat prévalant sur les droits de l’Homme et du citoyen, elle n’a jamais renié les principes de défense universelle des droits qui la guident depuis cent vingt-cinq ans. Contre la peine de mort, elle a défendu le droit à la vie ; contre l’arbitraire des tribunaux militaires, elle a obtenu leur dissolution ; contre la torture et les traitements dégradants, elle a défendu le droit à un procès équitable. Elle s’est dressée contre l’intrusion proliférante des fichiers, elle a campé aux côtés des indépendantistes kanaks, joué un rôle dans le processus de paix au Pays basque, combattu les violences policières, quels que soient les gouvernements en place.

Elle a fait vivre la fraternité aux côtés des migrants et des sans-papiers, elle combat aujourd’hui pour l’effectivité du droit à l’interruption volontaire de grossesse, accompagne les manifestations pacifiques pour une vraie politique face au changement climatique. La LDH, oui, considère, même lorsque cela dérange les pouvoirs en place, que les droits fondamentaux valent pour toutes et tous. Qu’ils valent donc pour des personnes dont elle n’approuve rien des idées ni des actes, qu’il s’agisse des collaborateurs en 1945 ou des djihadistes d’aujourd’hui.

Etranges « libéraux »

Certes, cela agace ; mais qui a changé ? Certainement pas la LDH, bien au contraire, et c’est ce qui déclenche cette attaque, au caractère réfléchi et qui vise plus large qu’il n’y paraît. Qui a changé ? Celles et ceux-là mêmes qui nous font ce procès, ces étranges « libéraux » qui, par-delà la LDH, mettent en œuvre la mise en cause de l’ensemble des garanties des libertés publiques. Comme s’il s’agissait d’intimider tout acteur indépendant et critique à un moment… tout aussi critique.

La liberté de manifester ? Elle est mise en cause par le durcissement des instructions données aux forces de police et de gendarmerie, y compris à l’égard de citoyennes et citoyens non violents. Cela se traduit par des blessures graves, des mutilations, voire pire, et par une instrumentalisation toxique des forces de police. On assiste ainsi au retour des charges de brigades mobiles à moto, proscrites depuis la mort de Malik Oussekine en 1986, et à un usage disproportionné d’armes qu’aucune autre police européenne n’emploie en pareil cas. A Sainte-Soline (Deux-Sèvres), de nombreux manifestants ont été blessés, dont deux en danger de mort, tardivement secourus.

A Paris, des manifestations ont été interdites au dernier moment et si discrètement que la justice administrative a désavoué le préfet de police. Ajoutons que la pratique devenue systématique d’interpellations « préventives » a empêché de manifester des centaines de citoyennes et citoyens qui n’ont évidemment fait ensuite l’objet d’aucune poursuite. La liberté d’association est logée à la même enseigne. Depuis 2021, le décret sur le prétendu « contrat » d’engagement républicain vise à asphyxier les associations indépendantes et critiques, dont plusieurs ont déjà été l’objet d’intimidations préfectorales.

Chaque événement semble propice à ce gouvernement pour renforcer un appareil sécuritaire. La surveillance systématique de la population va augmenter du fait de la loi récente utilisant la perspective des Jeux olympiques pour introduire la surveillance de millions de personnes à la recherche de « comportements anormaux » par des drones et des caméras dites « intelligentes ».

Les droits des étrangers, y compris le droit d’asile, vont à nouveau être restreints par un ensemble de lois dont le président de la République semble avoir déjà décidé du contenu. Et, comme toujours, la chasse aux étrangers continuera d’affaiblir les droits de toutes et tous. S’il n’avait tenu qu’à ce gouvernement, tous les enfants français de Syrie continueraient de croupir dans des camps. La LDH a été en première ligne du combat humanitaire pour leur rapatriement, inachevé à ce jour. Aujourd’hui, l’exécutif en vient à ficher ces mêmes enfants « préventivement » en présumant une sorte d’hérédité terroriste. De ce côté-là, hélas, rien ne change…

Crise démocratique profonde

Le moment de ces attaques n’a rien de mystérieux : démocratie et libertés ont toujours partie liée. Or, le passage en force d’un pouvoir privé de majorité parlementaire, désavoué par une large majorité de citoyennes et citoyens, et contesté par la totalité des organisations syndicales de ce pays, vient de mettre en lumière un blocage sans précédent de l’agenda politique du « monarque républicain » et une crise démocratique profonde, touchant à la fois le fonctionnement réel des institutions de la République, le dialogue social, la confiance des citoyennes et citoyens en celles et ceux qui ont le devoir de les représenter et de les respecter.

Tout se passe comme si le pouvoir actuel avait en tête, avec ce tournant autoritaire, de pouvoir sortir de son impasse politique en recherchant à tout prix une nouvelle majorité sans rivages à droite. Agresser la LDH dans ce contexte est de bonne tactique. Tant pis si les citoyennes et citoyens ont été trompés, à qui l’on avait demandé de voter contre l’extrême droite et qui avaient entendu le vainqueur par défaut de la présidentielle en 2022 assurer : « J’ai conscience que ce vote m’oblige pour les années à venir. » Tant pis s’ils doivent subir la régression des droits à laquelle ils pensaient faire barrage. Tant pis si tout cela ouvre la voie au pire.

La défense des libertés est ainsi devenue le sujet le plus brûlant de la période : le mépris de la démocratie parlementaire comme sociale s’étend désormais aux droits fondamentaux. C’est pourquoi la Ligue des droits de l’Homme ne changera pas. Changer serait renoncer à assurer pleinement la mission qui est sa raison d’être aujourd’hui comme hier. Qu’on n’y compte pas : nous appelons au contraire l’ensemble des citoyennes et citoyens et des organisations attachées au respect de l’Etat de droit à se mobiliser face à des gouvernants qui semblent avoir perdu plus que leur sang-froid : le sens même de leurs responsabilités.

Patrick Baudouin, président de la LDH (Ligue des droits de l’Homme) ; Jean-Pierre Dubois, Françoise Dumont, Henri Leclerc, Malik Salemkour et Pierre Tartakowsky, présidents et présidente d’honneur.

mardi 18 avril 2023

Communiqué des parents de Serge, blessé à Sainte-Soline, lu lors de la soirée de soutien aux Soulèvements de la terre à Paris

 

La menace de dissoudre un des collectifs qui ont appelé à manifester contre les bassines, le 25 mars, est une nouvelle illustration du mépris que ce régime exprime envers quiconque veut faire barrage à la politique qu’il mène au service de la bourgeoisie. Il s’agit en effet pour lui d’accréditer l’idée que les milliers de manifestants présents à Sainte-Soline auraient été des enfants sans aucune autonomie, arrivés là sous l’influence de quelque puissance occulte.

Menacer de dissoudre des structures qui organisent la solidarité contre la répression est un autre reflet de ce mépris consistant à faire croire que les gens eux-mêmes, à la base, sont incapables de s’organiser pour se défendre.
Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui en France.

A Sainte-Soline, il n’y a pas eu, d’un côté, les « bleus » et les « noirs » et, de l’autre, les « familles ».
Les dizaines de milliers de personnes participant à cette manifestation interdite savaient que les plus mobiles se trouveraient dans le cortège chargé d’ouvrir le chemin vers la bassine, et nul ne dissociait les « non-violents » des « violents », les « bons » manifestants des « mauvais ». La complicité entre les uns et les autres était évidente. Ces dizaines de milliers de personnes ont agi ensemble, chacune selon ses possibilités, contre le modèle capitaliste que représentent les bassines et malgré les menaces de répression émanant de l’État. Et elles ont été capables, ensemble, de résister physiquement au bras armé de cet État.

La violence a été du côté des forces de l’ordre, qui ont visé l’ensemble des manifestants.
Les 200 blessés de Sainte-Soline – dont notre fils Serge et Mickaël, les plus gravement atteints – ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion de l’ordre », d’erreurs de tel ou tel, ou simplement le fruit du hasard. Le responsable de ces 200 blessés, c’est un État qui a pour seul objectif, dans la période actuelle, de mettre à genoux toute contestation sociale afin de mieux gérer l’exploitation du travail dans les années à venir, face à la crise que connaît le capitalisme pour se perpétuer.

La répression policière et juridique est omniprésente et se répand comme la misère sur le pauvre monde, mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans un combat contre cette répression qui accaparerait tous nos espaces et notre vision de la vie. Car notre monde, c’est aussi celui de la lutte, et la lutte c’est la fête. La fête, ce sont les barbecues des gilets jaunes sur les ronds-points ; ce sont les cris et les chants lors des manifestations contre la réforme des retraites ; c’est l’expression créative et colorée que peuvent avoir les manifestations des femmes ou des homos ; ce sont les grèves ou les occupations dans lesquelles les salariés se découvrent sur leur lieu de travail ; ce sont les blocages joyeux de routes ou de lycées…
Contre la répression, ces espaces de lutte et de fête témoignent que le monde doit changer de base, et que nous avons en nous, dès maintenant, la capacité d’y parvenir en les mettant en valeur et en les élargissant.

Nous n’avons besoin d’aucune « figure » ou d’aucun parti pour nous indiquer la voie à suivre tout en nous prenant par la main.
Nous maintiendrons notre union dans un même combat contre l’aménagement capitaliste du territoire, et notre solidarité contre la répression. On ne tue pas un mouvement en déclarant dissoutes certaines de ses structures ou en les interdisant. Dissolution ou interdictions ne changeront donc rien.
 

Et nous ne céderons pas aux palinodies de partis politiques qui cherchent encore à parler en notre nom alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.
C’est en nous que nous devons avoir confiance pour repousser l’assaut de l’État policier, comme celui d’une extrême droite à l’affût.

Les parents de Serge,
le 12 avril 2023


Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.





samedi 15 avril 2023

Contre la menace de dissolution « des soulèvements de la terre »

 ATTENTION Horaire décalé à 19H !!!

APPEL A UNE RÉUNION LOCALE

Contre la menace de dissolution du mouvement «  les soulèvements de la terre » et pour la création de comités de soutien locaux.

A l instar d’intellectuels, de politiques, de juristes, de travailleurs, de militants d’organisations et d’associations, qui organisent ce mercredi 12 avril à Paris une soirée de soutien, nous militant.es de la région nazairienne, engagé.es dans la lutte contre la destruction du vivant, de l’eau bien commun, et de l‘accaparement des terres, et dont certain .es furent engagé es, en autre, dans la lutte contre le projet d aéroport à Notre dame des landes

Nous dénonçons la volonté du gouvernement de dissoudre le mouvement des soulèvements de la terre. C’est une atteinte grave aux libertés publiques.

Nous appelons à une réunion, ouverte à toutes et tous, le mardi 18 Avril à 18h salle de la Maison des syndicats

pour acter la création d’un comité de soutien aux soulèvements de la terre et ainsi participer à l élan (76 comités déjà crées) pour soutenir et accompagner ce mouvement qui a su fédérer une nouvelle alliance de structures diverses unies pour la défense des terres, des ressources et du bien commun.

mercredi 12 avril 2023

Communiqué des parents de Serge (n°3)


 

Communiqué des parents de Serge
(lu lors de la soirée de soutien aux Soulèvements de la terre à Paris)


La menace de dissoudre un des collectifs qui ont appelé à manifester contre les bassines, le 25 mars, est une nouvelle illustration du mépris que ce régime exprime envers quiconque veut faire barrage à la politique qu’il mène au service de la bourgeoisie. Il s’agit en effet pour lui d’accréditer l’idée que les milliers de manifestants présents à Sainte-Soline auraient été des enfants sans aucune autonomie, arrivés là sous l’influence de quelque puissance occulte.
Menacer de dissoudre des structures qui organisent la solidarité contre la répression est un autre reflet de ce mépris consistant à faire croire que les gens eux-mêmes, à la base, sont incapables de s’organiser pour se défendre.
Or c’est tout le contraire qui se passe aujourd’hui en France.

A Sainte-Soline, il n’y a pas eu, d’un côté, les « bleus » et les « noirs » et, de l’autre, les « familles ».
Les dizaines de milliers de personnes participant à cette manifestation interdite savaient que les plus mobiles se trouveraient dans le cortège chargé d’ouvrir le chemin vers la bassine, et nul ne dissociait les « non-violents » des « violents », les « bons » manifestants des « mauvais ». La complicité entre les uns et les autres était évidente. Ces dizaines de milliers de personnes ont agi ensemble, chacune selon ses possibilités, contre le modèle capitaliste que représentent les bassines et malgré les menaces de répression émanant de l’Etat. Et elles ont été capables, ensemble, de résister physiquement au bras armé de cet Etat.

La violence a été du côté des forces de l’ordre, qui ont visé l’ensemble des manifestants.
Les 200 blessés de Sainte-Soline – dont notre fils Serge et Mickaël, les plus gravement atteints – ne sont pas le résultat d’une « mauvaise gestion de l’ordre », d’erreurs de tel ou tel, ou simplement le fruit du hasard. Le responsable de ces 200 blessés, c’est un Etat qui a pour seul objectif, dans la période actuelle, de mettre à genoux toute contestation sociale afin de mieux gérer l’exploitation du travail dans les années à venir, face à la crise que connaît le capitalisme pour se perpétuer.

La répression policière et juridique est omniprésente et se répand comme la misère sur le pauvre monde, mais nous ne nous laisserons pas enfermer dans un combat contre cette répression qui accaparerait tous nos espaces et notre vision de la vie. Car notre monde, c’est aussi celui de la lutte, et la lutte c’est la fête. La fête, ce sont les barbecues des gilets jaunes sur les ronds-points ; ce sont les cris et les chants lors des manifestations contre la réforme des retraites ; c’est l’expression créative et colorée que peuvent avoir les manifestations des femmes ou des homos ; ce sont les grèves ou les occupations dans lesquelles les salariés se découvrent sur leur lieu de travail ; ce sont les blocages joyeux de routes ou de lycées…
Contre la répression, ces espaces de lutte et de fête témoignent que le monde doit changer de base, et que nous avons en nous, dès maintenant, la capacité d’y parvenir en les mettant en valeur et en les élargissant.

Nous n’avons besoin d’aucune « figure » ou d’aucun parti pour nous indiquer la voie à suivre tout en nous prenant par la main.
Nous maintiendrons notre union dans un même combat contre l’aménagement capitaliste du territoire, et notre solidarité contre la répression. On ne tue pas un mouvement en déclarant dissoutes certaines de ses structures ou en les interdisant. Dissolution ou interdictions ne changeront donc rien.
Et nous ne céderons pas aux palinodies de partis politiques qui cherchent encore à parler en notre nom alors qu’ils ne représentent plus grand-chose.
C’est en nous que nous devons avoir confiance pour repousser l’assaut de l’Etat policier, comme celui d’une extrême droite à l’affût.

Les parents de Serge,
le 12 avril 2023

Merci de diffuser ce communiqué le plus largement possible.


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mardi 4 avril 2023

Communiqué des parents de Serge (n°2)

 

 

Communiqué des parents de Serge (n°2)

Cela fait maintenant 10 jours que Serge est dans le coma, suite à la grenade qu’il a reçue à Sainte-Soline lors de la manifestation contre les bassines du 25 mars. Son pronostic vital est toujours engagé.

Nous et sa compagne remercions toutes les personnes (camarades, proches et anonymes) qui ont manifesté leur soutien et leur solidarité envers lui.

Nous remercions les dizaines de milliers de camarades qui se sont exprimés dans la rue, devant les préfectures et ailleurs, le jeudi 30 mars, contre l’ordre policier installé en France.

Nous remercions tous ceux et celles qui ont porté assistance aux blessés pendant la manifestation, ou qui ont apporté leur témoignage concernant la répression à Sainte-Soline, en particulier par rapport à Mickaël et à Serge.

Nous remercions enfin l’équipe médicale qui est à leurs côtés afin de les aider à se battre pour vivre.

Ce combat pour la vie, Serge le mène avec la même force que celle qu’il met à combattre un ordre social dont la seule finalité est de maintenir la main de fer de la bourgeoisie sur les exploités.

Soyons solidaires de tout ce que Darmanin veut éradiquer, dissoudre, enfermer, mutiler – du mouvement des retraites aux comités antirépression, des futures ZAD au mouvement des blocages. Le terrorisme et la violence sont chaque jour du côté de l’État, pas de celles et ceux qui manifestent leur rejet d’un ordre destructeur.

Les parents de Serge
Le 4 avril 2023

Merci de diffuser le plus largement possible ce communiqué.

 

https://oclibertaire.lautre.net/spip.php?article3681

jeudi 30 mars 2023

Violence policière : Nous ne pouvons pas vaincre la police sur le terrain militaire, nous pouvons être plus malins qu’elle...

Malgré un bombardement médiatique intense qui suit la manifestation de Sainte Soline, visant à faire passer les 30 000 manifestants présents pour démonter les bassines pour des criminels, et les blessés grave pour des bêtes assoiffées de sang, l’élan d’indignation contre les violences policières et de solidarité avec les blessés ne retombe pas. Il faut croire que la propagande qui vise à séparer les bons et les mauvais manifestants ne marche pas aussi bien que le pouvoir le voudrait.

Il faut dire que la situation ne prête pas à la sympathie avec la police ou avec l’État. Récemment, pendant le mouvement contre la réforme des retraites, nous avons connu les arrestations de masse arbitraires à Paris avec tabassage, une travailleuse de l’éducation avec des doigts arrachés à Rouen, un cheminot éborgné à Paris, des flics qui gazent des personnes sur une terrasse de bar à Lille, des blessés sur des blocages de zone industrielle à Boulogne-sur-Mer, des lycéens brutalisés… Les images tournent en boucle, et montrent le visage des chiens de garde d’un État qui n’a plus rien d’autre à proposer que des coups.

Elles font suite à une liste interminable de violences, de mutilations et de meurtres par l’État démocratique et républicain. Les militants écologistes, assignés à résidence, tabassés sur la ZAD, voire tués comme Rémi Fraisse, ou alors réveillés par le bruit des bottes à 6h par des nervis anti-terroristes comme en Limousin le 15 juin dernier. Les manifestants, depuis la loi travail en 2016, mutilés par le bras gauche de l’État, puis par la Macronie triomphante qui en est issue. Dans les cités ouvrières, par les baqueux, heureux de faire le plus sale travail du monde.

Alors, dans la période de crise qui est la nôtre, il est important de rappeler que l’État républicain et démocratique, et sa police, n’ont jamais été autre chose. Depuis qu’elle existe, elle mutile, tue, réduit au silence, conspire, terrorise. Ce n’est pas une affaire de bon ou de mauvais ministre ou président. Qu’il soit de gauche, de droite, nationaliste ou populaire, de l’extrême-centre, français, malgache, latino-américain ou algérien, le gouvernement déteste tous les exploités qui refusent leur sort dans ce gigantesque camp de travail qu’est le monde capitaliste. Il défend les intérêts d’une classe au pouvoir, bien contente de vivre du labeur des prolétaires. Il n’y a pas de bonne police, ou de bon policier, car il n’y a pas de bon État. « L’État, disait un vieux révolutionnaire, ce n’est, en dernière analyse, qu’une bande d’homme armés », chargés de réprimer tous ceux qui s’opposent aux glacées du calcul égoïste du système capitaliste.

Mais aujourd’hui, il y a dans le fond de l’air un parfum de révolte. C’est celui d’un mouvement social qui déborde et devient incontrôlable. C’est celui d’une jeunesse qui refuse d’aller à l’abattoir qu’on lui promet : trimer jusqu’à crever au milieu d’un monde en ruines. C’est celui d’un soulèvement par mois sur la planète. Aucun gouvernement n’est épargné : gouvernements religieux patriarcaux, gouvernements de militaires rentiers, gouvernements progressistes arc-en-ciel et respectueux de la diversité, gouvernements d’anciens leaders de mouvements populaires, gouvernements d’autoritaires populistes décérébrés.

Revenons-en aux violences policières de l’État français. Nous sommes en train de passer de la douleur, de la sidération et de l’abattement à la colère, à l’action. Alors réfléchissons ensemble. Nous ne pouvons pas vaincre la police sur le terrain militaire, surtout qu’elle a permis de tuer. En revanche, nous pouvons être plus malins qu’elle, ce qui, vu les argousins en face de nous, n’est pas forcément hors de portée. Dans le mouvement social, soyons mobiles plutôt que dans le face à face. Soyons à de multiples endroits plutôt qu’à un seul. Masquons-nous pour éviter les caméras ou dissimulons ceux qui passent à l’action. Ne laissons pas nos camarades se faire arrêter. Soyons solidaires avec les condamnés et les blessés, moralement, financièrement, juridiquement, dans la rue. Parlons entre nous de nos expériences de répression pour ne pas faire les mêmes erreurs. Ne parlons pas aux renseignements territoriaux, qui essaient de faire copain-copine pour mieux alimenter les fiches qui serviront plus tard à nous faire tomber. Refusons de faire le tri entre les gentils et les méchants dans nos rangs, car c’est tout le mouvement social qui en sort perdant. Créons les conditions d’une incapacité de l’État à pouvoir nous réprimer, et un soutien sans faille à ceux que le pouvoir condamne.

Macron et Darmanin, costard sur le dos mais sang sur les mains.

Contre la répression, solidarité !

RASSEMBLEMENT En soutien aux blessé·es de Ste-Soline et pour la défense de l'expression dé́mocratique devant la Sous Préfecture de Saint-Nazaire Jeudi 30 mars 19h.

 

Comme partout en France

RASSEMBLEMENT

En soutien aux blessé·es de Ste-Soline et

pour la défense de l'expression dé́mocratique

devant la Sous Préfecture de Saint-Nazaire Jeudi 30 mars 19h.

 

Le CODELIB décline localement l’appel nantais à un rassemblement pacifique jeudi 30 mars en hommage aux blessé·es de Sainte Soline. Nous appelons également toutes celles et tous ceux qui le peuvent à contribuer à la cagnotte de soutien aux Soulèvements de la Terre et à Bassines non merci qui servira notamment à soutenir juridiquement les blessé·es.


https://www.helloasso.com/associations/association-pour-la-defense-des-terres/formulaires/4

Samedi 25 mars, trente mille personnes se sont réunies à̀ Sainte-Soline pour défendre le vivant, l’accès collectif à l’eau et sa gestion commune. L’Etat, en la personne de Gérald Darmanin, a décidé de faire de cette manifestation le laboratoire d’une intensification inadmissible de la conflictualité politique. Avec 3 000 forces de gendarmerie, 4 000 grenades potentiellement mutilantes et létales lancées, des blindés, des quads, la volonté́ de militariser la répression du mouvement écologiste était manifeste. Heureusement les manifestant·es ont su s’organiser pour prendre en charge du mieux possible les blessé·es et ont su, grâce aux élu·es présent·es, contourner le refus des autorités locales (Préfecture et gendarmerie) de soigner les blessé·es en danger de mort.

Aujourd’hui 200 personnes blessées se soignent, 2 personnes sont entre la vie et la mort. La défense d’une installation agricole ne devrait certainement pas aboutir à ce bilan.

Les organisateurs et organisatrices du rassemblement font maintenant l’objet d’une persécution politique injustifiée avec la menace de dissolution formulée par le ministre de l'intérieur.

Nos organisations défendent et défendront toujours la démocratie et le droit de manifester sans risquer la mort ou la mutilation. Sainte-Soline, mouvement contre la réforme des retraites, la contestation ne doit pas être traitée à̀ coup de matraques et de grenades.

Nous appelons le gouvernement à reconnaitre ses torts, mettre un terme à l’escalade dans la répression du mouvement social, retirer la réforme des retraites immédiatement, et adopter une politique de l’eau qui préserve le vivant et l’accès à l’alimentation pour toutes et tous.

Nous témoignons de notre douleur et apportons notre soutien plein et entier aux victimes de la répression politique, ainsi qu’aux personnalités (élues, responsables associatifs, militant·es écologistes, journalistes...) menacées et attaquées.

Signataires nantais : Europe Ecologie Les Verts -Nantes En Commun -La France Insoumise -Nouveau Parti Anticapitaliste - Association de Veille Ecologiste et Citoyenne - Gauche Démocratique et Sociale -Union Démocratique Bretonne -Ensemble! -Génération-s -Territoire 44 -NDDL Poursuivre Ensemble -Maison Du Peuple Nantes -Place Publique -Extinction Rébellion - ATTAC 44 -Jeunes Ecologistes -Jeunes Insoumis-es -Union Pirate Nantes -UCL Nantes - La Voix Lycéenne -Mouvement Jeunes Communistes de France -Solidaires 44 -UL CGT Nantes -FSU Loire-Atlantique

 


 

Le CODELIB (Comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires) créé à Saint-Nazaire le 18 février 2009, regroupait des associations, syndicats, organisations politiques*, et des individus qui avaient décidé d’unir leurs forces pour lutter contre les politiques sécuritaires et répressives. Il est temps de le réactiver.

* composaient Le CODELIB : ATTAC St-Nazaire et Presqu’île - Collectif des objecteurs de croissance - Collectif 44=Breizh - Des individuEs - Emgann - Europe Ecologie-Les Verts - FCPE - FSU - Label Gauche - Les Alternatifs 44 - Ligue des Droits de l'Homme - MRAP - NPA - PCF - PG - PS - FCPE - No Pasaran 44 - SDEN - CGT - SLB - UDB -UL-CFDT - Union Syndicale Solidaires - USM-CGT

mercredi 29 mars 2023

COMMUNIQUE des parents de SERGE grièvement blessé à Sainte-Soline

 

COMMUNIQUE des parents de SERGE

 

 

Notre fils Serge est actuellement hospitalisé avec un "pronostic vital engagé", suite à la blessure occasionnée  par une grenade GM2L, lors de la manifestation du 25 mars 2023 organisée à Sainte-Soline (79) contre les projets de bassines irrigantes.

 

Nous avons porté plainte pour tentative de meurtre, entrave volontaire à l'arrivée des secours ; et pour violation du secret professionnel dans le cadre d'une enquête de police, et détournement d'informations contenues dans un fichier de leur finalité.

 

Suite aux différents articles parus dans la presse, dont beaucoup sont inexacts ou mensongers, nous tenons à faire savoir que  :

 

- Oui, Serge est fiché "S" - comme des milliers de militants dans la France d'aujourd'hui.

 

- Oui, Serge a eu des problèmes judiciaires - comme la plupart des gens qui se battent contre l'ordre établi.

 

- Oui, Serge a participé à de nombreux rassemblements anticapitalistes - comme des millions de jeunes dans le monde qui pensent qu'une bonne révolution ne serait pas de trop, et comme les millions de travailleurs en lutte actuellement contre la réforme des retraites en France.

 

Nous considérons qu'il ne s'agit là nullement d'actes délictueux qui saliraient notre fils, mais que ces actes sont au contraire tout à son honneur.

 

 

Les parents de Serge

Le Mercredi 29 mars 2023

 

Soutiens aux blessé·es - Rassemblements devant les (sous) Préfectures Jeudi 30 mars 2023 - 19h

 

En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessé.es de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières.

La brutalité concomitante de la réponse d’État à la poursuite du mouvement des retraites et à la mobilisation de Sainte-Soline est en train de marquer au fer rouge l’histoire du pays. Elle appelle aujourd’hui à faire front ensemble.

Face à l’inaction climatique du gouvernement, à son soutien intangible à des lobbys industriels écocidaires et à l’aggravation flagrante de la crise écologique, le mouvement contre les méga-bassines a, ces derniers mois, offert une prise. Si le peuple de l’eau, plus nombreux que jamais à braver les interdictions préfectorales, est allé de nouveau jusqu’au chantier de la bassine de Sainte-Soline le 25 mars ce n’était pas par goût inconsidéré du risque. Tout ce qui a été dit sur les soi-disantes motivations obscures des manifestant·es par Darmanin et consorts avant et après la mobilisation est à cet égard une profonde insulte à l’engagement des 30 000 personnes qui se sont rassemblées samedi. Si depuis un an et demi, ces foules grandissantes ne se contentent plus de défiler mais recherchent des gestes ad hoc pour freiner concrètement certains chantiers, pour empêcher le pillage de l’eau ou des terres, c’est bien parce qu’il y a une urgence vitale à agir. Et ce sentiment d’urgence ne fera qu’augmenter tant que l’on continuera à construire dans ce pays des infrastructures dont les conséquences sont telles qu’elles incarnent une violence écologique et sociale qui n’est plus aujourd’hui tolérable.

Cet élan vital, E. Macron l’a accueilli samedi avec une pluie de grenades létales, 4000 en 2h. Alors que 30 000 personnes s’approchaient d’un trou grillagé que l’État avait transformé en symbole de son autorité, 200 personnes ont été percées d’éclats dans leurs chairs, 40 gravement. L’une a perdu l’oeil, d’autres se sont faits arracher la mâchoire ou risquent de perdre le pied. Deux sont toujours aujourd’hui dans le coma, entre la vie et la mort. Comme à Malville face à la déferlante anti-nucléaire en 77 ou à Sivens en 2014 face à l’éclosion des zads en divers endroits du pays, l’État français a choisi délibérément le 25 mars de se donner sciemment la possibilité de tuer.

Ce 25 mars, le gouvernement Macron a tenté de faire taire un espoir politique par la mutilation de masse.

Il a ainsi affirmé brutalement que la montée en puissance du mouvement de défense de l’eau ne pouvait qu’être considérée comme un affront intolérable à son égard. Depuis des années, ce mouvement réitère pourtant les demandes d’ouverture d’un réel dialogue avec les habitant·es des territoires, les paysan·nes, les associations environnementales. La seule réponse gouvernementale à ces issues au conflit aura été est la terreur. Cette violence sourde face au mouvement écologiste est la même que le gouvernement Macron a déployé pour mater les gilets jaunes en 2019 et aujourd’hui contre le peuple qui persiste à refuser sa réforme injuste des retraites. C’est aujourd’hui cette réduction du champ politique à la grenade, ces cowboys en roue libre en quad ou en moto qui vont jusqu’à inquiéter les institutions internationales. A cette violence de rue, Darmanin ajoute aujourd’hui la persécution légale des mouvements organisateurs avec l’engagement d’une procédure de dissolution à l’encontre des Soulèvements de la terre.

De Sainte-Soline, ce week-end nous retenons heureusement aussi les tracteurs paysans qui déjouent les escortes de police, le camp qui surgit des champs au milieu du dispositif, les camarades des 4 continents, les animaux géants et les danses, la foule de tout âge qui serpente les champs à l’infini, son courage, sa solidarité inouïe face à l’adversité. Toute cette force est encore en nous et nous la retrouverons. Mais elle est aujourd’hui profondément entachée par les chairs mutilées, par ces vies encore en suspens. C’est pour nos blessé·es, pour leur rendre hommage, appui, pour que cela cesse qu’il y a un impératif à se retrouver de nouveau dans la rue. Non pas concentrés sur une même prairie cette fois. Mais partout dans le pays, devant les préfectures. Bien plus nombreux et nombreuses encore.

Alors que nous continuons à manifester contre la réforme des retraites, alors que nous continuerons à converger pour arrêter les méga-bassines, nous appelons à nous rassembler :
jeudi à 19h devant toutes les (sous)-préfectures. En soutien aux 2 manifestants dans le coma, aux blessées de Sainte-Soline et du mouvement des retraites, pour la fin des violences policières, pour la dissolution de la brav-m et l’interdiction des grenades GM2L.

Pour que celles et ceux qui étaient là de toute la France puissent dire et témoigner. Parce que le gouvernement est triplement coupable : d’avoir lancé des grenades létales, de l’avoir prémédité, et d’avoir ensuite obstrué l’arrivée des secours. Montrons leur massivement jeudi que nous ne les laisserons pas étouffer l’espoir à coup de grenades. Que nous sommes là. Toujours.

Confédération Paysanne - Bassines Non Merci - Les Soulèvements de la terre, les organisateurs de la mobilisation du 25 mars à Sainte-Soline et toutes les organisations sociales, syndicales, et associations qui souhaiterons s’y associer.

Pour co-signer l’appel cliquez sur ce lien et remplissez le formulaire

Lire également :
Réaction à l’annonce de la procédure de dissolution des Soulèvements de la Terre