dimanche 8 mars 2009

Déclaration de Hervé EON en solidarité avec les inculpés nazairiens

Ce texte a été lu au débat après la manifestation du samedi 7 mars.
Hervé était présent Mardi 10 mars au tribunal de Saint-Nazaire pour soutenir nos camarades.

Sur le délit d'outrage : CODEDO (COllectif pour une DEpénalisation du Délit d'Outrage)
contact : http://codedo.blogspot.com/

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Chers camarades résistants,

Tout d'abord je regrette de ne pas être parmi vous, mais je n'ai pas le don d'ubiquité de notre empereur, qui est à l'étranger alors qu'on le croit en France et inversement. Mais qu'il soit rassuré, ses serviteurs veillent au bon ordre qu'ils soient policiers ou juges. Ils anticipent même, sans doute appâtés par leur plan de carrière qui ne tient qu'à une bonne appréciation des services rendus, et qui peuvent être limogés si quelque chose ne plait pas à son altesse, chahuté à distance par quelques manifestants qu'il commence à entendre.

Pour ma part, dans l'affaire qui me concerne, il n'y a pas de plaignant. Sarkozy 1er n'a sans doute pas vu le carton portant la mention « casse toi pov'con » quand il est passé à mes côtés, mais ses laquais ont su anticiper et désigner la soit disant victime que j'aurais ciblée et ainsi eu l'indélicatesse de désigner le « pov'con ». La substitut du procureur, comptant certainement sur les bonnes grâces de Rachida DATI, a cru bon de me convoquer en correctionnelle.

Condamné en première instance à une amende de 30 euros avec sursis, soutenu par 5000 signataires de la pétition en ligne, encouragé par mes amis politiques dont Jean-Luc Mélenchon du Parti de Gauche, des dizaines de mails et courriers de sympathie, et défendu par Dominique Noguères avocate au barreau de Paris, j'ai décidé de faire appel. L'audience a eu lieu à Angers le 3 février dernier. Le jugement sera rendu le jeudi 24 mars à 14 heures. Je pense que les juges, qui se sont récupéré la patate chaude, cherchent une sortie honorable dans cette affaire. Je n'ai pas plaidé coupable et ne leur donne donc pas la possibilité de me condamner et de me dispenser de peine pour avoir été gentil en collaborant. Nous verrons donc le 24 mars, mais il me reste encore d'autres possibilités et je les utiliserai jusqu'au bout. Il est hors de question d'accepter une condamnation sans avoir épuisé tous les recours. Jean-Luc Mélenchon a déposé au sénat une proposition de loi pour l'abrogation de l'offense au Président de la République, loi archaïque de 1881, héritée du crime de lèse-majesté et inutilisée depuis Pompidou.

Quand vous entendrez ce témoignage, M'Hamed Bellouti sera passé en appel, jeudi 5 mars, contre le prince Jean Sarkozy qui chevauchant son scooter a percuté en 2007 le véhicule de M'Hamed et a pris la fuite. En première instance M'Hamed a été condamné à 2000 euros de dommages et intérêts pour procédure abusive. En appel, le prince demande 4000 euros, sans doute pour une association caritative. Maria Vuillet relaxée en première instance sera également passée en appel vendredi 6 mars pour outrage au sous-préfet d'Ile de France.

Je vous invite à aller sur le site du CODEDO (COllectif pour la DEpénalisation du Délit d'Outrage) et à signer la pétition en ligne. Nous l'avons vu avec le projet de fichier EDVIGE, nous le voyons avec la criminalisation de l'action militante, avec le fichage ADN pour des motifs qui outrepassent les lois, la multiplication des gardes à vue, des humiliations, des interpellations musclées, des répressions en tous genres, que nous devons être vigilants et combatifs.

Nous ne pouvons admettre la mise à mal de nos libertés fondamentales, nous devons résister, rendre public le plus possible ces affaires intolérables et inadmissibles. C'est de cette manière, me semble-t-il que nous pourrons influencer le cours des choses et écrire une autre
histoire.

Alors c'est vrai que cela nous demande beaucoup d'énergie que nous pourrions passer à militer, mais je vous le dis pour l'avoir vécu personnellement, soutenir un gardé à vue ou soutenir un prévenu au tribunal, non seulement ça fait chaud au cœur mais nous obligeons ou obligerons les forces de police ou les juges à être vigilants à ce qu'ils font ou feront. Mais dans la situation actuelle nous ne devons rien lâcher et faire converger toutes nos forces dans ces mobilisations pour nos libertés.

Personnellement, je serais à Saint-Nazaire mardi 10 mars pour soutenir nos camarades contre l'injustice et vous remercie de m'avoir donné la possibilité d'apporter mon témoignage.

Hervé EON